Une particularité du marché de Farcha, les étales de boucheries sont tenus pour majorité par des femmes. Admiration et stupéfaction sont les émotions qui envahissent les visiteurs de ce marché.

Pour les habitants de Farcha et particulièrement les habitués de son marché, ce n’est pas un phénomène. Pour des visiteurs occasionnels, c’est étrange. La boucherie est devenue une affaire de femme dans ce marché. Pourtant dans les autres marchés de la capitale, la vente de la viande fraîche est une activité qu’exerce les hommes. Assises sur des tabourets devant leurs tables, elles liquident aisément leurs marchandises.

Le faisant avec délicatesse, Hadjara prend le temps de satisfaire sa clientèle. Avec un sourire qui ne quitte pas ses lèvres, elle étale de la viande en tas de 500f et 1 000f discutable. Une autre grande partie non découpée est toujours gardée sur un côté du plateau. « Ma mère la connaît parfaitement et c’est toujours avec elle qu’on se ravitaille. Elle sert bien, c’est peut-être pour ça qu’on l’aime bien », répond Malicka avec un large sourire.

Depuis douze ans déjà, Hadjara ne s’est pas détachée de cette activité. Elle prend une grande quantité de viande à l’abattoir frigorifique de Farcha et vient l’étaler au marché. C’est sans gêne et avec fierté qu’elle le fait. « Ça ne nous étonne pas, puisque ça a toujours été comme ça », nous lance une jeune adolescente dans le marché visiblement habituée à cette pratique. 

Au Tchad, la vente de la viande fraîche est beaucoup plus aperçue comme une activité réservée à la gent masculine. Voir des femmes se lancer dans cette activité paraît gênant pour la plupart des Tchadiens. « Je ne sais pas pourquoi mais c’est trop bizarre de voir une femme qui vend de la viande », dit Ahmat Béchir, un jeune du quartier Farcha. « Je ne saurai comment l’expliquer mais pour moi, c’est une activité qui ne ressemble pas à une femme », renchérit-il. Pourtant l’on parle de l’émancipation et de l’autonomisation de la femme. Si l’on veut voir des femmes prendre leur envol économiquement, l’on doit changer de mentalité