Pour espérer construire une vie meilleure, les jeunes des villages et provinces du Tchad quittent le travail de la terre et affluent massivement à N’Djamena pour mener une vie citadine, grâce à la cordonnerie.

Ils sont des milliers de jeunes à quitter leurs villages pour venir s’installer à N’Djamena dans l’espoir d’avoir une vie meilleure. Une fois installés dans leur ville d’accueil (N’Djamena), le premier moyen qu’ils trouvent pour se faire de l’argent afin de pouvoir  joindre les deux bouts, c’est la cordonnerie ambulante pour les garçons et les travaux de domestique pour les filles.

Du matin au soir, ces jeunes migrants sillonnent les grandes rues et les quartiers de la capitale pour assurer la proprété des chaussures de ceux qui manifestent le besoin ; cela moyennant des pièces sonnantes et trébuchantes. A 20 ans, Madjiadoum Jean a décidé aussi de se lancer dans cette aventure en quittant sa ville natale, Koumra pour s’installer à N’Djamena. « Quand j’étais à Koumra, je faisais de l’agriculture pour vivre mais ces dernières années, ce n‘est pas facile de vivre de cela », explique-t-il.  

Décidément, ces jeunes qui se sont lancés massivement dans l’exode rural sont lassés de conflits intercommunautaires et agriculteurs-éleveurs qui mettent à mal le bon vivre dans les villages et provinces du pays. Faire le tour de N’Djamena à pied malgré la chaleur qui est souvent dans l’ordre de 40 degrés à l’ombre n’est pas une chose facile « mais au moins, grâce à cette activité nous arrivons à gagner dignement notre pain et dans la paix », se réjouit-il.

un jeune cordonnier à la recherche des clients au quartier Chagoua, dans le 6e arrondissement de N’Djamena

Pour la majorité de ces jeunes qui abandonnent la terre dans leurs villages pour s’adonner à la cordonnerie à N’Djamena, l’idée n’est pas de s’approprier ce métier peu valorisé quoiqu’il n’y ait pas de « sot métier », comme le dit un adage populaire.

A l’image de Madjiadoum, Rim s’est installé dans la capitale tchadienne depuis peu de temps mais déjà, les projets ne manquent pas dans sa tête, puisque dans la semaine il parvient à empocher plus de cinq milles francs CFA. « Si je fais la cordonnerie aujourd’hui, c’est parce que je n’ai pas trouvé mieux à faire comme travail, mais c’est juste pour un temps. L’argent que je gagne aujourd’hui va permettre d’ouvrir une petite boutique demain s’il te plait à Dieu », affirme-t-il en cirant les souliers noirs d’un client qui est assis juste à quelques mètres de lui.

Il n’est un secret pour personne à N’Djamena que le quotidien de ces aventuriers devenus cordonniers est tout sauf une vie séduisante. Ils se regroupent en trois et plus pour louer une chambre de quatre mètres carrés qui doit leur servir d’hébergement. Manger à sa faim n’est pas un luxe qu’ils peuvent s’offrir tous les jours. Mais parfois certains arrivent à se construire une vie décente pour ne pas dire aisée grâce à la cordonnerie qui est ipso facto leur métier de départ.