Bien qu’officiellement il est interdit aux adolescents de participer aux jeux de hasard, à N’Djaména, depuis l’annonce des vacances, ces derniers affluent dans les kiosques de ces jeux.

Ils sont nombreux à prendre en otage dès les premières heures les kiosques des jeux de hasard tels que Pari-foot, “Yib-yib”, PMU – Tchad et Cameroun, Pariez-cash, Pari Royal… Aussi, une nouveauté s’y est ajoutée. Le jeu de Ludo, jadis qui se jouait comme tue-temps ou passe-temps pendant les vacances, a changé et se joue désormais avec de l’argent comme pour les jeux de cartes.

Depuis le début des vacances à N’Djaména, la capitale, l’affluence des adolescents dans les kiosques aux jeux de hasard a augmenté de manière vertigineuse. Si certains mettent à profit les vacances pour apprendre des petits métiers, d’autres ont préféré s’accrocher aux jeux de hasard, car estiment-ils, il faut gagner sa vie car tous les moyens sont bons.

Ezéchiel, âgé d’environ 14 ans, joue au pari-foot depuis l’apparition de Covid-19 à N’Djaména. Sur son Smartphone, une application liée au jeu lui permet de parier en ligne. « En ce temps, rien à faire donc je gagne un peu d’argent avec cela et depuis lors, toujours je joue au pari-foot. J’ai gagné une fois 42 000 FCFA », explique-t-il. Et de conclure que grâce à cet argent, il paie ses habits. D’autres adolescents, eux, justifient leur addiction aux jeux de hasard par manque de lieux de loisirs dans la capitale. « A part aller jouer au football au quartier le matin ou soit le soir, que peut-on faire des autres heures où l’on est à la maison ? Rien du tout donc mieux de gagner de l’argent en jouant aux jeux de hasard », justifie Michaël.  

Les facteurs qui poussent les adolescents aux jeux de hasards selon les sociologues

Pour le sociologue Douka Ehba, le facteur explicatif est la situation économique et sociale caractérisée par une pauvreté accrue.  « Dans leur vie quotidienne, ces adolescents n’ont pas de moyens pour subvenir à leurs besoins, n’ont de parents qui peuvent satisfaire leurs besoins. On comprend cela facilement par rapport à la situation économique du pays », explique-t-il. Il pointe du doigt accusateur les politiques et les parents. Selon lui, les autorités doivent changer la situation du pays. Aussi, dit-il, il est de la responsabilité des parents d’éduquer leurs enfants. « Que les parents éduquent leurs enfants plus à se battre sur les chantiers ou à faire des petits commerces pour se prendre en charge et non les laisser à la merci de la nature car ce chemin qu’ils empruntent les amène tout droit à l’échec et demain, nous ferons face encore à un autre problème qui est la délinquance ».

Un autre sociologue, Dr Mbété Félix, fait comprendre que ce n’est pas un phénomène nouveau car pour lui, même pendant la période scolaire, les adolescents prennent en otage ces lieux de jeux de hasard sauf qu’il faut reconnaître qu’il y a recrudescence pendant cette période de vacances. Selon lui, trois hypothèses se dégagent quant à cette question préoccupante. « D’abord, une crise liée à la cellule familiale qui fait qu’il y a l’échec de l’éducation au sein même de la famille. Aujourd’hui, les parents ne sont vraiment plus responsables d’éducation de leurs enfants avec tous ces phénomènes de fille mère, enfant sans père font qu’il y a une délinquance qui se développe très tôt dans les maisons », détaille-t-il.

Ces dernières années, accuse-t-il, l’échec au niveau de l’éducation scolaire. « Certains enfants avec de bonnes éducations familiales apprennent des déviances au niveau de l’école. Certains apprennent à jouer à ces jeux pendant les recréations et cela, avec les enseignants qui doivent être des éducateurs mais ont d’autres préoccupations », regrette Dr Mbété Félix. Aussi, il estime que les politiques ont aussi une grande responsabilité. « Il n’y a pas des lieux de loisirs au Tchad moins encore des activités qui peuvent réunir les enfants comme les colonies de vacances donc ils sont exposés à beaucoup de choses ».