Auteur du livre « Les conditions d’une émergence au Tchad », M. Moustapha AbakarMalloumi a accordé une interview exclusive à notre rédaction. Il nous parle de son œuvre et relève quelques éléments clés qui pourront permettre à faire du Tchad un pays émergent d’ici l’horizon 2030 comme prévu par le Gouvernement.

Tchadinfos : En décembre 2015, vous avez publié un livre : « Les conditions d’une émergence au Tchad ». De quoi il est question de votre œuvre ?

Moustapha AbakarMalloumi : Dans ce livre, il s’agit des conditions d’une émergence au Tchad, comme indique son titre. Au Tchad, on a longtemps parlé de l’émergence dans des discours mais, pratiquement, il n’y a pas eu de réflexions allant dans ce sens. Donc, j’ai essayé de voir si les conditions sont réunies pour tirer le pays vers l’émergence. Si nous voulons aller vers cette émergence, il faut dans un premier temps, penser à des réformes institutionnelles, notamment, penser à des institutions fortes. Il faut également faire une réforme de l’économie. Car, parmi les critères de l’émergence du point de vue universel, la croissance économique dans la durée compte beaucoup. Il faut aussi penser à une réforme du secteur de l’éducation, à de nouvelles politiques environnementales, culturelles et communicationnelles.

Tchadinfos : Au-delà de ces aspects, quels sont les autres critères qui sont indispensables pour parler d’émergence dans un pays ?

M.A.M : De manière générale, quand on parle de l’émergence, il y a déjà des pays qui ont réussi ce bond-là. Les expériences de ces pays ont montré que, pour qu’un pays puisse aboutir à l’émergence, il faut réunir certains critères notamment : une stabilité économique et politique ; une ouverture du marché à d’autres pays, le climat des affaires doit être bien assaini de manière à attirer des investisseurs étrangers ; il faut un produit intérieur brut (PIB) important basé sur une croissance économique évolutive dans la durée. Pour transposer ça au niveau du Tchad, il faut beaucoup travailler pour atteindre ce seuil.

Tchadinfos : Compte tenu de la conjoncture actuelle que traverse le Tchad tant sur le plan économique que social, peut-on espérer à une quelconque émergence ?

M.A.M : Justement, c’est là où, il faut avoir des institutions solides qui vont permettre de mieux gérer les ressources disponibles. Pour bien gérer les ressources, il faut moins de corruption, il faut également que la bureaucratie soit allégée. Pour ça, j’ai préconisé dans mon livre, la mise en place de ce que j’appelle « Open Service ». C’est en sorte un portail, un intranet dont chaque département ministériel doit disposer pour permettre aux agents des ministères à travers tout le pays d’être en interconnexion.

Tchadinfos : le chef de l’État Idriss Deby Itno envisage faire du Tchad un pays émergent d’ici l’horizon 2030. Croyez-vous que cela est possible ?

M.A.M : C’est possible ! D’ici 2030, on peut espérer à l’émergence. Mais, à condition qu’on se mette au travail maintenant, à faire des réformes nécessaires qui vont nous permettre d’aller vers cette émergence. Les mentalités actuelles ne nous permettent pas d’aller dans ce sens donc, il faut les retravailler. Pour moi, l’Etat peut encourager l’économie des Tchadiens par la diversification. Tout le monde veut qu’on diversifie l’économie. Mais, en réalité, le problème qui se poser, qui va la diversifier ? Dans mon livre j’ai dit, c’est l’État qui doit donner les orientations. Maintenant, qui doit investir ? L’État, avec les recettes du pétrole peut devenir un très bon client. Donc, l’État ne doit pas se substituer aux opérateurs économiques. L’État doit seulement assainir l’environnement économique pour permettre aux opérateurs de mettre en place leurs entreprises.