Depuis quelques semaines, on assiste à des incendies répétitifs dans les marchés, les restaurants, les domiciles, etc. Ce phénomène va croissant et suscite des interrogations. Votre journal s’est rapproché du sociologue, Douka Ehba pour des explications.

Toutes les thèses fusent pour tenter d’expliquer ce que d’aucuns nomment “saison des incendies”. Pour certains, ce sont les signes de la fin du monde ou encore de la colère de Dieu contre le peuple tchadien. D’autres pensent qu’il s’agirait d’une manœuvre de déstabilisation de mains criminelles. “Du point de vue sociologique, je crois que ce phénomène n’est pas un phénomène naturel. Parce qu’on sait qu’en général un incendie est soit provoqué par une mauvaise manipulation du feu ou bien par un court-circuit. Mais un incendie ne peut pas être considéré comme un phénomène social”, analyse de son côté le sociologue Douka Ehba.

Pour lui, ces incendies peuvent être des actes volontaires des individus. “Au regard de ce qui se passe dans notre société, on peut dire que cela serait simplement le résultat des contestations. Parce que si nous jetons un regard sur notre société, on voit que le Tchad est un pays caractérisé par un phénomène de pauvreté qui va d’ailleurs croissant. Et aussi avec les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, il n’y a pas eu de changement social. Et aujourd’hui on voit de gauche à droite les Tchadiens aspirer beaucoup plus au changement et cela se manifeste par des mécontentements, à travers aussi des manifestations pour contester l’autorité de l’Etat. Et donc, on pourrait considérer aujourd’hui que ces incendies seraient provoqués par un groupe d’individus qui voudrait peut-être se faire entendre. Cela peut être perçu comme expression d’une colère, ou bien l’expression d’un désir au changement”, poursuit-il.

Mais le sociologue tempère que comme il n’est pas possible pour l’instant de faire la lumière sur les causes de ce phénomène, on ne peut que supposer. Pour lui, le gouvernement ou bien ceux qui détiennent le pouvoir, ont le devoir, la responsabilité, de s’occuper et de sensibiliser la population. “Sil y a un phénomène d’incendie qui vas crescendo dans notre société, cela relève beaucoup plus de la responsabilité de l’Etat de chercher les causes profondes. L’Etat doit prendre ce phénomène très au sérieux en vue d’apporter de réponses adéquates”, exhorte-t-il.

A la question de savoir, que faire pour stopper ce phénomène, Douka Ehba pense qu’il faut sensibiliser la masse sur l’intérêt de garder les édifices. Aussi sensibiliser les gens pour qu’ils prennent des précautions quand ils utilisent le feu, et d’entretenir bien leur installation électrique que ce soit à la maison, dans les marchés ou encore dans les lieux publics pour éviter qu’il y ait de court-circuits. “Mais si c’est un groupe de mécontents qui met le feu à ces différents endroits, alors il faudra aussi chercher à comprendre les raisons profondes qui amènent des individus à mettre des feux”, conclut-il.

Moussa Tshabalala, stagiaire