CAUSERIE-DEBAT – L’association des Lamy-Fortains et N’Djamenois (Alam-Ndja) a organisé une causerie-débat ce lundi 2 mars, au Centre culturel Baba Moustapha. Le débat a porté sur les mutilations génitales féminines.

Cette causerie est initiée dans le cadre des activités marquant la célébration de la semaine nationale de la femme tchadienne édition 2O2O. Alam-Ndja a choisi d’organisation une rencontre d’échange avec des femmes et filles de la capitale.

Mais avant cela, une minute de silence a été observée en mémoire des femmes et filles victimes de mutilations génitales féminines, victimes de viols, de violences, de mariages forcés, des fistules, ainsi que de la mortalité maternelle. Puis, place au débat sur le thème: “Mutilations génitales féminines: plus jamais ça! Ensemble donnons la chance à nos enfants.”

Le choix du thème a été justifié par le fait que “malgré son interdiction, la mutilation génitale féminine continue à gagner du terrain au Tchad, avec des conséquences fâcheuses.” Selon les chiffres des Nations-Unies, c’est plus de deux cent millions de filles et de femmes qui ont été victimes d’excision ou mutilées à travers le monde.

Le panel était composé de Dr Aché Haroun, génycologue et coordinatrice au centre national de prise en charge de fistules obstétricales; de Lelemane Ada, ex-matrone au centre de santé d’Habena; Ngarimbert Caroline, transformatrice des produits locaux; et enfin de Mariam Ramadane Zaïd, conseillère à Alam-Ndja.

Avec un air très intéressé, les participant.e.s écoutaient attentivement ce qui se disait, et posaient des questions au fur et à mesure, sous la modération de la journaliste Bintou Kachabala. “Au Tchad, le taux de prévalence de la pratique des mutilations génitales féminines est d’environ 38 pour cent selon l’enquête démographique et de santé de 2014-2015” a lancé cette dernière.

Le panel ne mâchait ses mots. De manière crue ou encore directe, les panélistes démontraient la dangerosité de la mutilation génitale féminine. Quelques hommes présents dans la salle, prenaient aussi la parole, pour soit apporter de contributions, soit poser de questions.

Durant la causerie-débat, les panélistes ont fait savoir que le clitoris, organe très important chez la femme, est rattaché à plusieurs veines. Sa mutilation entraine un très grand écoulement de sang. En plus de cela, elles ont mentionné d’autres conséquences à savoir, des infections telles que la fistule obstétricale, ainsi que des difficultés qui surviennent pendant l’accouchement.

Pour la matrone Lelemane Ada, “il faut avouer que sans clitoris, la femme ne ressent aucun  plaisir sexuel durant toute sa vie conjugale. Elle reste comme un  bois mort.” Dans le même ordre d’idée Dr. Aché Haroun a ajouté que le concept selon lequel la mutilation du clitoris peut empêcher le vagabondage sexuel est archi-faux. Pour Aché, “seule l’éducation traditionnelle, religieuse ou académique, est suffisante pour discipliner la jeune fille. Pas besoin de faire recours à des pratiques criminelles comme l’excision.”

Les autres panelistes ont ressorti plusieurs inconvénients de la mutilation génitale féminine tout en appelant à une prise de conscience individuelle et collective, ainsi qu’à une sensibilisation sans relâche. Le rôle de l’Etat revenait sans cesse dans les interventions des uns et des autres sans.

Au-delà de ce qu’on peut dire “simple causerie-débat”, l’ambiance d’une diversité culturelle a prévalu dans la salle de rencontre. Chacune des panelistes, et participant.e.s s’exprimaient librement dans la langue qui lui est facile.

Le débat a pris fin sur des perspectives futures  appelant à une éradication totale de l’excision au Tchad.