ÉMANCIPATION – Malgré la crise qui éprouve le pays, nombre de jeunes se donnent les moyens de réussir à travers des activités génératrices de revenus. Le cas Khadidja Hissein Hassan en est une illustration édifiante.

Khadidja Hissein Hassan, la vingtaine, est étudiante en master en Droit public et détient également une licence en Histoire et Géographie de l’Ecole normale supérieure. La jeune fille garde toujours un brin de sourire sur les lèvres. Assez réservée, elle s’exprime avec beaucoup d’assurance, de gestes. Elle lance son projet “Femmes et synergie” pour venir en aide aux nombreuses femmes et filles par le biais de l’agriculture. Pour elle, “ce sont les femmes analphabètes, qui croupissent le plus dans la misère et pourtant, c’est sur leurs épaules que repose le poids des charges familles“.

Le choix porté sur l’agriculture n’est pas le fruit du hasard. “Mon fonds de démarrage vient de mes parents et proches. ils m’ont beaucoup aidé (…)”, indique Khadidja.

Son projet est relatif à la culture d’ail, de  piment, de poivron et d’oignon sur une parcelle de 2 hectares à Mandélia, une bourgade située à 50 km au sud de la capitale. Elle réunit autour d’elle, en cette coopérative agricole de cultures maraîchères, des veuves, mariées, jeunes et vieilles pour leurs donner les moyens de s’en sortir. Des femmes de la localité témoignent que “le projet les aide beaucoup (…)”. “Nous sommes devenues autonomes. Nous payons nous-mêmes les soins et l’école de nos enfants sans toujours attendre des hommes“, jure l’une d’elles, sarclant à la main un plancher d’oignons, son bébé sur le dos.

Les récoltes sont revendues sur les marchés, du moins une partie. L’autre partie est transformée pour prévenir en période où le prix de ces denrées devient plus cher. Ce sont les cas de l’ail et d’oignon qui sont séchés, pillés et emballés dans des sachets. Ils seront revendus à des prix pour suppléer les ménages en temps de pénurie ou en cas de fluctuation des prix selon les saisons. La transformation en poudre de ces produits leurs acquiert une plus longue conservation. En une année, Khadidja et sa légion effectuent 4 récoltes de plusieurs sacs.

Parallèlement, Khadidja affirme continuer “son projet social” même à l’issue de ses études. Cela lui tient particulièrement à cœur. “C’est grâce à cela exclusivement que je m’en sors“, confie-t-elle, d’un air jovial.

Champ d’oignon cultivé par Khadidja

Actuellement, ce sont plus de 50 femmes des différentes communautés (Massa, Kotoko, Sara) qui bénéficient du projet. Dynamique et chaleureuse, la jeune promotrice n’hésite pas à se mettre la main dans la boue et salir dans ses marécages comme ses employées.

Afin d’éviter d’éventuelles déconvenues et accroître son davantage son rendement, Khadidja se paie les services d’un agronome qui s’occupent des pépinières.

Aujourd’hui, c’est N’Djamena. Demain, ce sera le Tchad profond et pourquoi pas, l’étranger ?”, ambitionne-t-elle, avec sérénité l’avenir de son projet.

BACTAR Frank I.