Ngarta Tombalbaye, le premier président tchadien, avait lancé les travaux de construction d’un centre culturel dénommé « Romano » à Sarh, chef-lieu de la province du Moyen-Chari. Emporté par le coup d’État du 13 avril 1975, l’œuvre qu’il a initiée est devenue un abri pour personnes démunies et/ou délinquants.

Romano est une structure imposante située au quartier résidentiel de la ville de Sarh. De loin, elle est attirante ; mais, de près, le constat est désolant. Romano semble isolé de la ville. Dans la cour, poussent des herbes sauvages.

Ce « vieux » bâtiment inachevé est troué de partout.  Pour y entrer, il faut zigzaguer entre les fèces. Tout en portant un cache-nez ou se servir de ses mains pour couvrir la bouche et le nez. L’odeur des matières fécales rendant l’air pratiquement irrespirable.

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L’endroit n’est plus que l’ombre de lui-même. Alors qu’au départ, le projet porté par le premier président tchadien devait contribuer à insérer les jeunes de la province et du pays. « Dans sa politique, Ngarta Tombalbaye a construit le centre pour les jeunes et les femmes pour qu’ils puissent apprendre, être indépendants et s’épanouir à travers la valorisation de leurs activités. A sa mort, plusieurs présidents se sont succédé mais personne ne s’est posé de questions par rapport à la réhabilitation de Romano », se désole Mobelé Reoutou, un Sarhois.

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Romano, à défaut d’être un creuset culturel de la province du Moyen-Chari, est devenu un repaire de bandits et/ou personnes vulnérables. «  Romano est devenu un point où la jeunesse en dépravation utilise ça comme dortoir, dépotoir », poursuit-il.

Romano, renseigne Djassina Thomas, sociologue et membre du sous-groupe culture de l’initiative « Tous à Sarh », est le nom de l’entreprise à qui le président Tombalbaye a confié la construction de cet édifice. « Il est un patrimoine pour la ville de Sarh. Il faut qu’on nous aide à y installer un centre de recherche, de formation et de développement pour la jeunesse », propose-t-il.