Le dialogue national, les inondations et la pénurie du gaz butane sont les sujets au menu de la revue de presse de cette semaine.

Un dialogue sous le signe de la contestation

Après moult reports, le dialogue national inclusif est enfin ouvert le 20 août courant par le président du Conseil militaire de transition (CMT) Mahamat Idriss Déby Itno.

« L’avenir du Tchad en 21 jours ! », s’exclame La Voix. En effet, le comité d’organisation a prévu trois semaines pour boucler les travaux de ces assises dont dépend l’avenir, indique le journal de Djambalbahr.

Lors de l’ouverture de ce dialogue, une intervention a particulièrement marqué les esprits, celle de Moussa Faki Mahamat, le Tchadien qui est président de la Commission de l’Union africaine. « Moussa Faki prévient… », pointe L’Observateur. L’ancien Premier ministre a longuement épilogué sur l’histoire tumultueuse du pays avant de mettre en garde les dirigeants de la transition, en des termes à peine voilés, sur le risque de vouloir confisquer le pouvoir. « Moussa Faki Mahamat a tout dit, même si certains politiciens pensent que son discours est loin d’être sincère, vu qu’il a mangé pendant longtemps dans la même tasse que le régime MPS », relève L’Obs.

Pour Abba Garde, les propos de Faki ont « créé de la panique et fait bouger les nerfs des tenors de la junte au pouvoir et leurs obligés ». A ceux qui estiment que Moussa Faki est mal placé pour donner des leçons, le journal de Moussaye Avenir De La Tchiré pense que « s’il est irréfutable que Moussa Faki a gardé silence face aux différentes dérives d’Idriss Déby, allant de la suppression de la limitation des mandats au pouvoir à l’organisation des fora folkloriques de 2018 et 2020, est-il mal placé pour tirer la sonnette d’alarme cette fois ? Evidemment non. La reconversion ne relève pas de l’impossible ».

N’Djamena Hebdo de son côté se demande si les réfractaires vont intégrer le processus, en faisant notamment référence aux Transformateurs, à Wakit Tamma et au FACT de Mahamat Mahdi Ali. Hebdo note en effet que jusqu’après le démarrage du dialogue, il y a eu une pause pour intensifier les tractations, sous l’égide de l’Union africaine, afin de les amener au palais de la culture. « Et ainsi donner une vraie inclusivité à ce dialogue ficelé d’avance et qui a une seule finalité inavouée : démocratiser le coup d’Etat du 20 avril 2021 ».

Ce qui amène le Sahel à conclure que « Les Tchadiens restent sceptiques ». Des citoyens qui se sont exprimés dans ce quotidien semblent plutôt échaudés par les échecs du passé.

« La tragédie des inondations »

Une fois de plus, la capitale tchadienne fait face à des inondations ravageuses. « La tragédie des inondations », signale N’Djamena Hebdo. Le journal trentenaire qui cite, Ocha, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Tchad, fait part de 22 morts, près de 111.000 personnes affectées, 315 animaux domestiques morts et 2.699 hectares de champs engloutis.

« Un échec de plus cette année », lance le Sahel au sujet de la prévention des inondations avec une photo de personnes se déplaçant en pirogue sur l’avenue du 10 octobre. Le quotidien déplore que l’opération de curage de caniveaux et de nivellement des rues, lancée au début de la saison des pluies soit plus « visible sur les ondes des radios, dans les télévisions, les journaux et les sites d’informations que sur le terrain ».

Mais pour La Voix, le maire Ali Haroun est plutôt « le fusible que l’on veut livrer pour calmer le peuple en courroux ». Cet hebdomadaire pense que le vrai responsable du « malheur des N’Djamenois » est le régime qui gouverne depuis plus de 30 ans sans pouvoir assortir et exécuter un seul programme d’aménagement de la capitale.

Le gaz butane, une denrée rare

A côté des inondations, la pénurie du gaz butane est « l’autre calvaire des N’Djamenois » comme l’écrit si bien La Voix. Ce combustible qui est entré progressivement dans le quotidien des Tchadiens depuis l’interdiction du charbon et du bois de chauffe est presqu’inexistant depuis des semaines. « L’image des motocyclistes et piétons poursuivant des véhicules transportant des bouteilles de gaz butane sur des kilomètres dans certains quartiers de la capitale doit interpeller nos autorités », estime le canard.

Alors que l’ARSAT, l’autorité en charge estime qu’il n’y a pas de pénurie mais juste des commerçants « véreux » qui font de la spéculation, N’Djamena Hebdo assure que la pénurie est réelle. La demande est plus élevée et les équipements de la raffinerie de Djarmaya, faute de maintenance générale depuis cinq ans, ne tournent pas à sa capacité maximale pour satisfaire la demande, selon l’enquête d’Hebdo.

Abba Garde de son côté croit que c’est à cause de « l’incompétence » de l’ARSAT. Le journal assure que la raffinerie fait du « business » sous le regard « complice » des responsables de l’ARSAT. « A Djarmaya, un certain nombre de produits prennent forme à partir du pétrole à savoir, le gaz liquéfié, le kérosène avion, le pétrole lampant, l’essence, le gasoil, les huiles et les résidus qui servent à la fabrication des plastiques, chaussures et autres objets. Il se trouve que lorsqu’on produit beaucoup de gaz, l’on obtient une faible quantité des résidus et vice-versa. Or les résidus sont directement achetés par des grosses firmes étrangères à coups de plusieurs milliards de francs CFA pour la fabrication des objets divers. Le choix est donc clair et sans ambiguïté », argumente Abba Garde.