L’élévation du chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, à la dignité de Maréchal du Tchad, domine largement l’actualité de cette semaine.

Honneur et dignité !« Maréchal !! », titre Le Visionnaire à sa Une qui informe que, Idriss Déby Itno, est sur les traces des Maréchaux d’Afrique. Cette consécration du Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, couplée à la célébration de la fête de l’indépendance, fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la classe politique. Pour le président de l’Union Nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) Saleh Kebzabo, il est inacceptable d’organiser la cérémonie du maréchalat, le jour de la commémoration des 60 ans de l’indépendance du pays. « C’est un crime national contre l’anniversaire de notre indépendance. Le mode de fonctionnement que nous connaissons va faire en sorte que chaque année, on va plutôt privilégier le maréchalat et donc, on va reléguer le 11 août 1960 aux calendes grecques. C’est irresponsable et personne ne peut l’accepter ».

« Idriss Déby Itno ! Civil, mais maréchal quand même ! », a rapporté Le Phare Info, qui souligne que le 11 août consacré par sa solennité doublement sinistre, le franchissement historique du Rubicon y est. Ironie du sort, la démocratie déjà agonisante, a vu son arrêt de mort signé et son inhumation étrangement effectuée dans la salle de banquets du palais de la démocratie de Gassi. Pour le tabloïd, cette consécration soulève de sérieuses préoccupations juridiques. Primo : frappée d’illégitimité pour fait de sa prorogation par une ordonnance du Président de la République plutôt que par la voie constitutionnelle du référendum populaire, l’Assemblée Nationale n’est pas fondée à siéger aujourd’hui. Cette illégitimité emporte ipso facto, l’illégalité de ses actes depuis de l’expiration de son mandat. Secundo : Il n’est point de ses prérogatives constitutionnelles d’élever un soldat, fut-il président de la république, à la dignité de maréchal. Tercio : Idriss Déby Itno qui, s’était mis en congé de son poste de soldat pour revêtir le costume de président de la république depuis le 1er avril 1991, ne peut pas prétendre à quelque grade ou distinction militaire que ce soit. Nous apprend le journal.

«Déby passera, mais le Tchad est éternel », écrit l’éditorialiste de N’Djaména Hebdo. Pour l’hebdomadaire, disparu en France où il a été créé, Maréchal est devenu la marque des dictateurs atteints par la folie des grandeurs, c’est le signe indiscutable de sous-développement des pays qu’ils ont gouvernés. Le 11 août ne doit pas être la célébration d’un seul homme. Célébrer le 11 août, c’est rendre hommage à François Tombalbaye, Gabriel Lisette, Sahoulba Gontchomé, etc. et tous ces autres dignes fils et filles du Tchad, braves, déterminés et impassibles qui se sont battus pour que nous accédions à la souveraineté.

Le Trimensuel Le Potentiel souligne toujours dans le même sillage : Idriss Déby Itno, que celles et ceux qui vous entourent aient le courage de vous dire la vérité afin que vous vous orientiez vers le socialisme comme le préconisent les idéaux du MPS. Car si les Tchadiens issus de votre clan et de votre parti s’accaparent de toutes les richesses au détriment des autres, la paix chèrement acquise qui vous vaut le titre de Maréchal aujourd’hui risque d’être compromise demain.

Rendez-vous, la semaine prochaine pour d’autres actualités.

Fred Zongo