EDUCATION – A quelques jours de la rentrée scolaire, élèves et parents négocient le passage d’une classe à une autre au grand dam des décisions des conseils des professeurs.

Assis devant l’administration d’un établissement de la place, dossiers en main, un air triste et pensif, Nelson* ne sait quoi faire. Son nom est classé parmi les échoués de l’année sur la liste générale affichée au tableau.

Des va-et-vient dans la cour de l’établissement s’observent. Elèves et parents se bousculent pour les inscription et réinscription. Mais également, ils viennent monnayer pour le passage en classe supérieure. Nelson en fait partie. Pour lui, il n’est pas question qu’il reprenne sa classe. Un tête-à-tête à huis clos avec un membre du personnel administratif de son établissement lui a redonné le sourire. Celui-ci lui remet un reçu portant le cachet du censeur montrant que le jeune homme passe en classe supérieure.

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Cet établissement n’est pas le seul ou ces choses se passent. Dans presque tous les établissements de la capitale tchadienne, le passage automatique semble être une logique. Ce phénomène a gagné le terrain et a emporté même les parents d’élève. Selon nos informations, certains parents viennent eux-mêmes négocier le prix afin que leurs enfants passent en classe supérieure.

« Nous avons enregistré plusieurs cas liés à ce sujet surtout en classe de CM2 et 6ème. L’enfant finit son cycle et on constate qu’il doit redoubler. Subitement vous allez voir un parent apparaitre avec un bulletin et vous dit que son enfant a déjà fait deux fois la classe de CM2, donc il doit passer en 6ème. C’est une guerre qui s’installe entre nous au secondaire et les parents d’élèves », explique le proviseur du lycée Royal Gokam Madjirangar.

Pour le censeur du lycée d’Amtoukoui, Beakba Debgaroua, c’est une pratique qui se fait mais officieusement, et cela est un problème délicat.

Cette pratique entraine des conséquences sur les élèves. Gokam Madjirangar souligne que ces élèves à la longue n’arriveront pas à obtenir leurs examens, et cela crée de découragement qui les pousse à abandonner les études. Pour lui, la responsabilité est partagée entre les parents d’élèves et l’Etat.  « L’Etat doit ramener le concours d’entrée en 6ème, le CEPE/T afin d’amener les élèves à beaucoup étudier. Et les parents doivent amener les enfants à lire que de négocier le passage automatique », plaide-t-il.

Djimhodoum Serge, stagiaire