Par rapport au jeûne du ramadan, un des cinq piliers de l’islam, qui va débuter demain 13 avril, les jardiniers, jaugeant l’offre et la demande, ont tout bonnement augmenté les prix de leurs légumes.

Il est 12heures à Sabangali dans le 3eme arrondissement de la capitale. Les jardiniers qui cultivent leurs légumes pour les revendre aux femmes détaillantes sur les marchés de N’Djamena se frottent les mains en cette période. Les prix de planchers de plantes potagères comme la laitue, le persil, le radis, le céleri, le poireau, etc. sont revus à la hausse par ces derniers. Les raisons avancées sont nombreuses, quand bien même parfois improbables.

Bienvenu N. est jardinier depuis quelques années. Il justifie cette flambée en affirmant : “on travaille dur ici. Au moment du ramadan, tout devient plus cher et pourquoi nous aussi ne devrions pas augmenter nos prix comme le font tous les autres commerces ?” Le bonhomme confie : “C’est la seule occasion, l’aubaine pour nous de faire un peu plus de sous. Avec la chaleur, les coupures d’eau, etc. nous devons aller loin pour chercher de l’eau et arroser deux fois plus les plantes (…)”.

Ngarsedi D., diplômé au chômage et père de famille, croisé au bord du fleuve Chari, lâche : “c’est normal en fait. Nous savons que ceux qui jeûnent ont besoin de légumes, de condiments frais pour leur repas de ramadan. Et aussi, qu’ils économisent au préalable pour le ramadan afin de bien se nourrir car le jeûne est une épreuve pénible. Ils sont obligés d’acheter aux prix qu’on fixe. Même si une cliente refuse, une autre va accepter (…)”. Il poursuit en disant que ce sont plutôt les revendeuses au détail qui profitent plus de cette période. Une revendeuse, accoutrée de voile, assise à côté d’un puits d’eau, acquiesce visiblement en souriant. Ces revendeuses achètent, par exemple, un plancher de poireau à 25.000 francs et revendent cela à 40.000 francs.

Or en temps normal, le prix du plancher de poireau dépasse rarement les 15.000 francs. Le plancher de laitue qui coûtait 3.000 francs avoisine désormais les 7.000. Le céleri qui valait 1.500 francs coûte actuellement 4.000 francs. L’oignon vert qui valait 1.000 francs tutoie les 3.500 francs.

BACTAR Frank I.