Après la trêve de Noël, le Parlement reprend ses travaux. Et cette rentrée parlementaire est placée sous le signe de l’intervention militaire française au Mali. Le Premier ministre doit recevoir ce lundi soir les responsables de l’Assemblée nationale et du Sénat comme le veut désormais la constitution en cas d’engagement de la France à l’étranger. Un rendez-vous qui a lieu sur fond de large soutien à défaut d’union sacrée.

 

La plupart des parlementaires ou responsables politiques considèrent que l’intervention au Mali s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. C’est le cas du patron de l’UMP, Jean-François Copé : “C’est tout à fait normal que dans un moment comme celui-là, face à la lutte contre le terrorisme, notre nation soit rassemblée. Sur ce sujet c’est tout à fait normal. Mais ça n’a rien à voir avec le mariage homosexuel et l’adoption et c’est une manière pour moi de dire qu’à un moment où nous devons être rassemblés, ce n’est pas le temps des projets qui divisent les Français”.

Voilà pour le premier réflexe, mais pour l’ancien ministre Laurent Wauquiez, vice-président du parti, il ne s’agit pas pour autant de signer un chèque en blanc au gouvernement : “Evidement qu’il y aura des questions : est-ce que la France intervient seule ? quelle durée ? Quelle importance de l’engagement ? Mais quand les soldats sont engagés sur le terrain, le devoir des élus c’est de les soutenir. C’est ce qu’on fait”.

Les parlementaires vont pouvoir poser toutes ces questions car justement, le parlement va être saisi cette semaine. C’est ce que prévoit en effet la constitution depuis la révision de 2008 décidée par Nicolas Sarkozy. L’article 35 stipule que le Parlement doit être informé dans les trois jours qui suivent le début d’une intervention militaire française à l’étranger. C’est pour celà que Jean-Marc Ayrault reçoit les responsables parlementaires ce soir. Cette information peut être suivi d’un débat qui, d’après le texte, n’est pas suivi d’un vote.

Pour certains comme le député écologiste Noël Mamère. ce débat aurait dû avoir lieu avant la décision d’intervenir : “On est en train de reproduire ce qu’a fait le prédecesseur de François Hollande en Afghanistan, en Côte-d’Ivoire ou au Tchad. Quand on est dans une démocratie parlementaire, on consulte avant le parlement pour qu’il y ait un débat et un vote. nous poursuivons dans une logique qui n’est rien d’autre que celle de la Françafrique”.

Mais si le débat parlementaire avait eu lieu avant, c’est l’effet de surprise sur le terrain aurait été quelque peu éventé. Par ailleurs il y avait urgence, souligne le patron des députés UDI, Jean-Christophe Lagarde : “Le parlement débattra pour savoir quelles sont les conditions, quelle est la durée, quels sont les enjeux, comment préserver la vie de nos otages. Et si il avait été trop tard, si un certain nombre de villes maliennes, et pourquoi pas Bamako elle-même, ça ne seravait plus à rien de débattre.

Certains ont aussi des critiques à formuler sur le fond. Au Front de gauche, on note que l’argument de l’urgence est systématiquement utilisé. Et pour la porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud… les raisons de l’intervention française sont avant tout économiques : “le gouvernement n’est pas parti en guerre pour protéger la population. Ce qui préoccupe le gouvernement, ce sont les intérêts de la France. Parce qu’à côté du Mali, il y a le Niger, le grand fournisseur d’uranium pour Areva. Voilà le problème de la France : il ne faut pas que les intérêts d’Areva soient gênés”.

Malgré ces critiques, François Hollande a estimé qu’il y avait un consensus politique autour de l’opération militaire au Mali.

Source : FranceInfo