Après sa création en 2019, la Police sanitaire a pour responsabilité de faire respecter les termes du décret du 6 septembre qui interdit la consommation de l’alcool frelatée, mais aussi son importation, sa fabrication, la détention, la circulation, la vente et bien entendu l’offre de cette boisson frelatée sur l’étendue du territoire. Le Coordonnateur de cette Police sanitaire, Hissein Palet Baimokréo revient en détail ici pour expliquer la mission et les stratégies à mettre en place pour l’atteinte des objectifs.

Quel est le rôle principal de la Police sanitaire dont vous êtes le coordonnateur ?

La Police sanitaire est un service placé sous tutelle du ministère de la Santé publique et de la Solidarité Nationale, créée par décret n°1611/PR/MSP/2019 du 3 octobre 2019. La Police sanitaire est chargée de promouvoir l’information, la sensibilisation, la communication sociale, la constatation des infractions en matière d’hygiène et d’assainissement et leur répression conformément à la législation en vigueur. Elle est appelée aussi de manière spécifique à fédérer toutes les énergies possible afin de faire face à tous les problèmes liés à la santé, l’hygiène publique et l’environnement.

A cette mission, s’ajoute la lutte contre la non application des textes inhérents à la règlementation ; les problèmes liés à l’hygiène ; les médicaments de la rue ; les aliments malsains, périmés ; le mauvais environnement; les boissons frélatées, la consommation du tabac et de la drogue.

Depuis sa création en 2019, quelles sont les activités que vous avez menées au profit de la population ?

Il est vrai que la Police sanitaire est créée depuis 2019 mais les tous premiers responsables à la tête de cette coordination ont été nommés en décembre 2021. Nous avons été aussitôt installés dans nos fonctions. Comme c’est une toute première fois que le Tchad fait cette expérience, il est tout à fait assez important que nous mettions d’abord les textes comme base fondamentale en place avant toute chose.

Dès notre prise de fonction, et pour une raison fondamentale, nous avons initié des séries de rencontre avec les responsables des services déconcentrés de l’Etat, les directeurs généraux des grandes institutions de la République (Police nationale, Gendarmerie nationale, Direction générale des Renseignements généraux et des Investigations, la GNNT, les médias, la société civile à travers l’ADC et la CASIDHO, les leaders religieux, la mairie centrale ainsi que les communes d’arrondissements…). L’objectif est de leur faire connaitre la mission de la Coordination de la police sanitaire.

Ces séries de rencontre nous ont permis d’expliquer à ces responsables qui jouent chacun un rôle assez important dans la mission de la coordination et par la suite solliciter leur adhésion et bénéficier de leur appui. Sans le concours des uns et des autres, nous allons mettre assez du temps pour y arriver et d’ailleurs, ce n’est pas possible puis qu’il s’agit du service de l’Etat et que nous tous avons un ennemi commun, un chalenge commun.

S’il y a un perdant, ce serait le Tchad, et s’il y a un gagnant, ce serait une fois de plus le Tchad et moi et mon équipe allons faire de sorte que le Tchad sorte gagnant et ce serait notre fierté à nous tous.

Pour répondre à la question, nous avons effectué une mission d’échange d’expérience en Afrique de l’Ouest (Niger et Benin), deux pays très avancés dans ce domaine et nous sommes rentrés bien outillés et surtout avec un arsenal d’informations qui ont été mises à notre disposition pour assoir une police sanitaire qui puisse répondre aux aspirations de nos concitoyens. Aussi, il faut reconnaitre qu’il est important et impératif de vulgariser ce décret et communiquer largement autour de cet acte afin que la population tchadienne connaisse l’importance de cette police sanitaire qui a une mission aussi différente que la Police Nationale.

Vous êtes sans ignorer que la Police nationale est chargée d’assurer la sécurité des biens, des personnes et des institutions à titre préventif et répressif de manière quotidienne dans la zone urbaine. Donc deux noms qui sèment la confusion dans leur appellation mais qui ont chacun un rôle spécifique.

Il y a presque un mois, le gouvernement a interdit l’importation, la consommation, la vente, la consommation des boissons frelatée au Tchad. Comment comptez-vous faire appliquer ce décret ?

Comme je l’ai décrit un peu plus haut, les boissons de toute sorte et de mauvaises qualités nuisent à la santé de la population et est sans doute, en train d’exterminer la jeunesse qui constitue pour le Tchad notre pays une ressource assez importante pour le devenir de notre nation. C’est pourquoi, consciente de la situation, les plus hautes autorités de la République, ont pris le décret n°2835 du 6 septembre 2022 non seulement pour interdire la consommation de l’alcool frelatée, mais aussi l’importation, la fabrication, la détention, la circulation, la vente et bien entendu l’offre de cette boisson frelatée sur l’étendue du territoire.

Maintenant, nous nous disons qu’en tant que pays de droit et devoir, il nous faut vulgariser ce décret afin que nos concitoyens aient l’information jusqu’aux petits détails avant toute procédure de répression conformément aux dispositions contenues dans ce décret. Toutes les couches à travers les 1 284 000 km2 doivent en être informées et chemin faisant, on aurait contribué à sauver cette jeunesse de ce mal de siècle et ainsi on aurait rendu service à notre beau et cher pays le Tchad. Apres cette phase de vulgarisation, nous allons dans ce contexte utiliser la force de la loi et non la loi de force pour appliquer et faire respecter ces textes en vigueur.

Beaucoup de voix se sont levée pour dénoncer cette Loi estimant que la vente de cet alcool frelaté constitue une activité génératrice de revenus pour principalement beaucoup de ménage. Que dites-vous ?

Une très belle question ! Il n’est un secret pour personne que l’alcool comme boisson alcoolisée est un poison quand on en abuse. S’agissant de l’alcool frelatée, retenons une bonne fois pour toute qu’il n’existe aucun impact positif. Pour préserver cette jeunesse du danger qui la décime à grand pas, la lutte doit être sans merci comme c’est le cas avec le Boko Haram.

L’alcool frelaté aurait tué dans chaque famille un bras valide laissant des orphelins. Cette mesure interdisant toute activité autour de l’alcool frelaté doit être suivie par toutes les forces vives de la nation, consciente du Tchad de demain. Il n’y a pas que seul le ministère de la Santé Publique et de la Solidarité nationale à travers la Coordination de la Police sanitaire. Apres la vulgarisation, les peines prévues à cet effet seront appliquées sans dérogation aucune.

Y’a-t-il des mesures d’accompagnement pour les vendeuses ?

Le Gouvernement de la République du Tchad, soucieux de la situation de toutes les couches vulnérables a mis en place des mécanismes d’autonomisation pouvant aider ces dernières à mieux se prendre en charge. C’est pourquoi, des crédits agricoles, des aides aux bonnes initiatives entrepreneuriales sont disponibles pour des bonnes œuvres.

Il existe plusieurs activités génératrices de revenu susceptibles de changer la vie de ceux qui s’adonnent à cette activité très dangereuse et que je qualifie de criminels à visage découvert et cela bien évidemment n’honore pas ce pays que nous aimons tous. Pour cette question, je suis et je demeure intransigeant car nous devons conjuguer nos efforts pour combattre ce phénomène au même titre la lutte contre le terrorisme. Plusieurs branches, d’ailleurs très bien soutenues par les Institutions de l’Etat par l’octroi des crédits et autres subventions sont à la portée de ces jeunes-là. Bref, pas d’autre mesure d’accompagnement.

Pour conclure, je dirai qu’il faut aider son pays en respectant les grandes décisions prises par les autorités. Rendons notre pays beau et aimé de tous en assurant chacun autour de soi, le minimum d’hygiène. Soyons jaloux du devenir de ce pays en changeant de comportement. Personne ne veut céder ce pays à la future génération dans un état qu’il n’aurait pas souhaité. Que nos enfants soient demain fiers de nous simplement parce qu’on aurait essayé de rendre ce pays vivable, beau et respecté de tous.