Le refus de certains agents de l’Inspection générale d’État (IGE), de prendre un pot-de-vin des responsables d’une entreprise chinoise en contrepartie de la régularisation de la situation fiscale de cette entreprise qui se chiffre à plus de 6 milliards a défrayé la chronique la semaine dernière. Tchadinfos.com vous présente le chef de cette mission, l’inspecteur d’État qui a refusé d’accepter l’argent de la corruption. Il s’agit de M. Abakar Moussa Kallé, Inspecteur de Commerce de 7e échelon, Analyste Programmeur en Informatique de Gestion.

Un fait très rarissime. Depuis la création du ministère du Contrôle général d’Etat (appelé également tantôt ministère de la Moralisation, tantôt ministère de l’Assainissement public) jusqu’à la naissance de l’Inspection Générale d’Etat, c’est pour la fois première fois qu’un contrôleur refuse un pot-de-vin, soupire un ex-agent du ministère de la Moralisation, d’un air stupéfait. 90 millions FCFA en liquide, c’est le montant total qu’Abakar Moussa Kallé et ses collaborateurs ont refusé d’accepter contre leur silence sur des paiements d’impôts de plus de 6 milliards qu’une entreprise chinoise doit à l’État.

« Ça fait des années que je sers l’Etat, je suis un père de famille avec des enfants qui sont aujourd’hui des jeunes adultes. Accepter une telle chose ne me rendra pas fier devant mes enfants. Gagner 90 millions et faire perdre à l’État 6 milliards, le choix est simple. J’ai privilégié les intérêts de la nation par rapport à mon propre intérêt », nous a confié l’inspecteur Kallé.  

En effet, Abakar Moussa Kallé a été nommé par décret présidentiel le 21 septembre 2019 inspecteur d’État, après avoir exercé pendant plus de 20 ans à la direction générale des Douanes où il a occupé différents postes. Ce diplômé en Informatique de Gestion obtenue à l’Université de Blida en Algérie s’est vite démarqué par ses démarches dans le contrôle. Il s’est vu confier plusieurs dossiers « sensibles » dont les résultats sont à mettre à l’actif de l’IGE.

Abakar Moussa Kallé a pris les Chinois dans un domaine qu’il connait, pour avoir été chargé des émissions des autorisations d’entrée des produits pétroliers au Tchad de 1996 à 1998 à la Division de recouvrement du bureau de la fiscalité pétrolière. Puis, il est affecté comme agent de saisie au poste de N’Guéli de janvier 1999 à août 2001. Il s’occupait des dossiers des importateurs, apurement des AES, Autorisation d’entrée pour la mise à la consommation, du suivi des franchises, des statistiques d’importations (répartition des produits importés et consommés par nature et par destinataires, répartition mensuelle et annuelle des recettes fiscales). Il s’envole ensuite pour Sarh où il travaille en tant qu’agent de recouvrement à la Trésorerie Régionale (2001 à 2002), puis, chef d’antenne adjoint du bureau de la fiscalité Pétrolière d’Abéché de juillet à décembre 2002.

En 2003, Abakar Moussa Kallé est nommé chef de la Cellule de Gestion du Fictif Adjoint pour : superviser les émissions effectuées par les différents postes et d’en contrôler la régularité ; surveiller en permanence les mouvements des carburants placés sous le régime particulier des entrepôts spéciaux ; veiller à la transmission régulière des états de sortie des carburants au service des émissions et des recouvrements pour la perception des droits et taxes exigibles ; procéder à des intervalles réguliers au contrôle des produits placés en entrepôts spéciaux et établir avec les concessionnaires agréés les comptes partiels aux définitifs des stocks.

De 2003 à 2012, il se voit confier le poste de chef de service des émissions des autorisations d’entrées des produits pétroliers au Tchad avant d’être promu chef du bureau bétail adjoint de N’Guéli. Il devient par la suite, directeur du Dédouanement du Bétail, du 1er mars 2012 au 30 avril 2013, directeur de la Surveillance et de la Répression de la Fraude du 30 avril 2013 au 3 avril 2016 et directeur adjoint du Dédouanement du Bétail du 04 octobre 2017 au 04 janvier 2018.