Le paludisme est la maladie qui tue le plus de personnes actuellement au Tchad. Selon les données du Comité technique national de lutte contre les épidémies (CTNLE), sur 943 040 tests de paludisme réalisés entre le 1er janvier et le 13 septembre 2020, un total de 571 258 cas ont été confirmés (60,5%), avec 1 280 décès dans tout le pays. À ces chiffres, s’ajoute près de 1 140 000 d’autres cas suspectés sur la base des signes cliniques, mais qui n’ont pas fait l’objet de test.

De ces cas suspects, 1 368 personnes sont décédées.

La situation est légèrement inférieure à celle de l’année dernière à la même période (un écart de 118 305 cas et 43 décès), où l’on avait enregistré 689 563 cas confirmés dont 1 323 décès. La situation est cependant pire si on la compare aux années 2017 et 2018 où le nombre de cas confirmés était respectivement de 524 148 et 534 781 (avec 957 et 922 décès).

Les provinces les plus touchées sont, entre autres, le Logone oriental (avec un total de 80 930 cas), le Mandoul (82 258 cas), le Moyen-Chari (60 207 cas), la Tandjilé (55 777 cas) et N’Djamena (53 976 cas).

Ces cas importants de suspicion de paludisme peuvent s’expliquer essentiellement par deux facteurs. Il y a d’abord l’indisponibilité des tests dans certaines zones pour confirmer les signes cliniques constatés, puis l’incapacité financière des patients à payer pour les tests. Dans une certaine mesure, la fiabilité du test peut souffrir à cause des conditions de conservation, puisque dans les zones reculées, ce sont les tests de diagnostic rapide et faciles d’utilisation, communément appelés TDR, qui sont utilisés, au lieu du microscope dont la maintenance n’est pas aisée.

L’incapacité financière des patients peut être imputable à la révision du paquet de la gratuité des soins par le gouvernement, à travers le ministère de la santé, en août 2017. En effet, le ministère de la santé avait, par arrêté, réduit à cinq les types d’urgence sanitaire pris en compte dans la mise en œuvre de la politique de la gratuité des soins (paludisme grave, consultations prénatales et néonatales, accouchements par césarienne, prise en charge nutritionnelle des enfants, et morsures de serpent et de scorpion). Le respect de cette prise en charge dans tous les centres de santé et hôpitaux publics pose souvent problème, à cause du manque des produits médicaux qui vont avec.

Vu la mortalité imputée au paludisme, il serait vital de rendre gratuit les tests de paludisme et faciliter également la prise en charge de la maladie.