Dans un communiqué officiel, portant le n°026/M/CAB/SCP/2018, le maire de la ville de N’Djaména, Saleh Abdel-Aziz Damane, demande aux propriétaires des maisons longeant les abords des avenues et grandes artères de peindre leur façade. Objectif : embellir la capitale en perspective de la fête de proclamation de la République prévue le 28 novembre et celle de la liberté et de la démocratie prévue le 1er décembre.

« C’est un acte citoyen pour tout un chacun de contribuer à l’embellissement de la ville », explique le maire récemment désigné depuis son lit d’hôpital. Ainsi, chacun se doit de trouver de l’argent pour acheter de la peinture et aider la mairie à rendre la ville de N’Djamena plus belle. « Le maire est franchement en déphasage avec la réalité », souffle un observateur. « Est-il aveugle ? », s’interroge-t-il. Beaucoup de citoyens se demandent en effet comment ils vont pouvoir dépenser de l’argent pour peindre les devantures de leurs concessions alors qu’ils subissent de plein fouet les effets de la crise économique, qui touche le pays depuis la brusque chute des cours du pétrole.

Une annonce fantasque ?

L’annonce a été faite alors que la mairie traverse elle-même une crise financière sans précédent, la rendant incapable de payer les salaires de ses agents à terme échu. Ajouté à cela que depuis plus de 4 ans, les chantiers publics sont à l’arrêt. Le Trésor public est vide. La machine économique et financière fonctionne très difficilement dans le pays et surtout dans la capitale. Rien ne bouge. La population broie du noir.

Il est certainement, peut-être au courant de la crise financière. La primature dans laquelle il travaillait comme conseiller a été supprimée pour juguler la crise actuelle. Et bon nombre de questions trottent dans la tête de N’Djamenois : le maire aurait pu s’occuper de réhabiliter les éclairages publics qui ne s’allument plus favorisant le banditisme dans la capitale, d’arroser les fleurs pour qu’elles fleurissent, de réparer les feux tricolores pour rendre la circulation fluide, d’éponger les arriérés des salaires des agents de la Commune, au lieu de s’acharner sur la population en leur demandant de faire des dépenses alors qu’ils tirent le diable par la queue.