JUSTICELe feuilleton judiciaire des 11 présumés personnes poursuivies pour trafic de drogue, complicité de trafic, tentative de corruption, blanchiment d’argent etc. continue de surprendre par des révelations fracassantes. Ce vendredi 17 juillet 2020, des témoins clés dans l’affaire dont le directeur général des services de Douanes, Abdelkérim Mahamt Charfadine, ont été entendus par le tribunal de grande instance de N’Djaména.

L’audience des présumés trafiquants a drainé encore ce vendredi 17 juillet 2020, un monde fou au Palais de justice, obligeant le président du tribunal à vider la salle. Près de 10 heures d’audience n’ont pas permis au tribunal d’évacuer un seul lot des trois groupes. Toute la journée a été focalisée sur la cargaison chargée de « drogue » arrêtée par les services de Douanes.

Le directeur général des services de Douanes et des Droits Indirects, Abdelkérim Mahamat Charfadine, convoqué à la barre pour éclairer la lanterne des justiciables a laissé certains sur leur soif. Il renseigne que courant décembre 2019, le groupement mobile de sa direction l’a saisi dans le cadre d’un camion chargé des produits prohibés entré « frauduleusement » sur le territoire tchadien.

Selon lui, pour saisir ce camion, il a instruit le commandant de groupement mobile d’associer dans l’opération les auxiliaires de la justice. C’est ainsi que, poursuit Abdelkérim Charfadine, la Section nationale de recherche judiciaire (SNRJ) a été sollicitée pour mener l’opération. Le véhicule était gardé dans un parking en ville, indique-t-il.  

Le directeur général de Douanes rapporte qu’après constat le camion chargé de 180 cartons et 10 sacs et demi de « Tramol » a été conduit à l’entrepôt de Toukra dans le 9ème arrondissement. Le camion a été déchargé d’après Abdelkérim Charfadine pour placer son contenu dans un conteneur puis scellé. Il persiste et signe que les « marchandises » n’ont fait aucunement l’objet d’un dédouanement quelconque.

Dans la foulée, les avocats des prévenus sortent un document attestant que le contenu du camion a été bel et bien dédouané. Le président du tribunal demande la provenance de ce document. Les avocats citent un site internet. Le président déduit que c’est un site qui raconte souvent des contrevérités donc le tribunal ne peut se fier à ce document.

Abdelkérim Mahamat Charfadine assure avoir agi en tant que premier responsable des Douane et conformément aux textes en vigueur. Mais, les incessantes questions du tribunal et des avocats l’agacent très vite montrant par moment des signes d’énervement.

Le commandant de groupement mobile des Douanes, Ahmat Aïry, le rejoint à la barre. Celui-ci confirme les faits rapportés par sa hiérarchie. Toutefois il ne dit pas clairement à qui appartient ce camion et les moyens qui l’ont permis à mettre la main sur ces « marchandises ». Il explique qu’il a été contacté par l’un de ses informateurs pour lui parler de l’existence de ce camion. Ces explications laissent aussi certains avocats perplexes.

Le tribunal revient alors sur le montant de près de 1 milliard supposé « corrompre » le directeur général de Douanes en vue de faire sortir le camion. Abdelkérim Mahamat Charfadine déclare qu’il a effectivement été rapproché par l’un de ses cousins Salaye Toma pour l’informer du mouvement de ces personnes.

« Le procureur m’a déjà mis la puce à l’oreille parce qu’il a été approché par un officier de police. J’ai instruit mon cousin de collaborer avec ces personnes pour les identifier. Il m’informait des démarches qu’il menait. Il a encaissé 800 millions Fcfa. A partir de là nous avons confié le dossier aux services spéciaux qui ont mené les enquêtes. L’argent et la drogue ont été aussi confiés à ces services. Ma mission s’est arrêtée là. Si vous voulez d’autres détails, vous devrez vous adresser aux services spéciaux » ajoute le directeur général de Douanes.

Salaye Toma, qui a été aussi entendu comme témoin rapporte qu’il a été rapproché par l’un des prévenus pour lui commissionner de transmettre l’argent au directeur général de Douanes. Le montant exact n’a pas été déterminé. Le témoin déclare avoir reçu 800 millions Fcfa, le principal prévenu par le canal de qui l’argent a été envoyé parle de 990 millions Fcfa, le montant actuellement sous-scellé est de 600 millions Fcfa. Donc difficile de savoir où se trouve la vérité.