Le manque, sinon l’insuffisance d’infrastructures scolaires est un facteur non-négligeable à la baisse de niveau des élèves au Tchad. Le constat est triste pour ne pas dire inquiétant.

Les effectifs des élèves ne cessent de grimper au Tchad ces dernières années mais,  le pays fait face à une insuffisance notoire d’infrastructures scolaires adéquates pour favoriser la réussite scolaires de ces derniers. Les chiffres sont parlants, au primaire, ces effectifs ont doublé entre 2001 et 2014, passant de 984 224 à 2 442 660 élèves. Au secondaire, ils ont presque triplé passant de 119 103 à 375 661 élèves, dans la même période, selon les données du Ministère de l’éducation nationale et de la promotion civique.

La croissance de ces effectifs fait que le pays se confronte de plus en plus à un sérieux problème d’infrastructures d’accueil. Au titre de l’année 2014/2015, on a dénombré 768 102 places assises (1 place assise pour 3 élèves et 4 élèves s’il s’agit de table-banc).

Selon Dihoulne Laurent, ancien secrétaire général du ministère de l’Education nationale et de la Promotion civique,

« la plupart des infrastructures scolaires au niveau du primaire restent en matériaux non durables (secco, poto-poto…). Seulement 26% des salles de classe sont en dur ». «La majorité des CEG fonctionnent soit dans les locaux d’emprunt (après-midi) soit dans les salles de classe en matériaux non durables. Le ratio élèves/salle de classe en dur est de 136 au primaire ; le ratio élèves/latrines est de 304 ». ajoute-il.

Des élèves d’une école primaire en attente de leurs carnets de notes

Il faut savoir que la situation demeure malheureusement la même malgré les efforts du gouvernement et ses partenaires dans ce secteur. Selon le rapport d’Etat sur le système éducatif national, les dépenses d’éducation proprement dites ont augmenté de 26 milliards de francs CFA à 189 milliards de francs CFA entre 2000 et 2013, soit un accroissement annuel de 13,8 % en moyenne ( cf. tableau).

Dépenses publiques d’éducation (base ordonnancement), 2000-2013 – source Rapport d’Etat sur le système éducatif national – Éléments d’analyse pour une refondation de l’école (TAMA : Taux d’Accroissement Moyen Annuel)

Le cas du lycée Félix Eboué et du  lycée de Walia qui sont les grands lycées publics de la capitale met à nu ce problème. Au lycée de Walia par exemple, on trouve plus de 200 élèves dans une classe de terminale. En plus de cette surpopulation scolaire, les laboratoires et les bibliothèques qui devraient favoriser l’apprentissage des élèves ne fonctionnent pas ou n’ont jamais fonctionné, pendant que le gouvernement ne se lasse de faire la promotion des filières scientifiques.

Cette insuffisance indiscutable des infrastructures scolaires adéquates, impacte considérablement le niveau des élèves.

« Une proportion importante des élèves en fin de cycle primaire (84,3% en lecture et 80,9% en mathématiques) ne maîtrisent pas les connaissances et compétences considérées comme suffisantes pour poursuivre une scolarité dans de bonnes conditions »

explique Dihoulné Laurent, lors d’une conférence de presse organisée conjointement par le ministère en charge de l’éducation et l’Unicef.

C’est d’ailleurs cette situation qui a amené le Groupe de la Banque Mondiale a parlé de la crise d’apprentissage dans les pays en voie de développement comme le Tchad.

Selon les pédagogues, la pléthore dans les salles de classe due à l’insuffisance d’infrastructures d’accueil rabaisse le niveau des apprenants au lieu de le hausser, car il est difficile pour l’enseignant de faire bénéficier à tous les élèves de son enseignement et de contrôler efficacement les derniers.  La chute des taux de réussite aux baccalauréats de ces dernières années en sont des preuves. On a enregistré des taux de 38,63% en 2018 et 21,37% 2017.

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NB : Cet article de votre site Tchadinfos.com a été rédigé dans le cadre du dossier thématique commun sur le niveau du système éducatif en Afrique francophone auquel participe les 11 médias bénéficiaires du projet NAILA(Nouveaux Acteurs de l’Information en Ligne Africaine) de CFI.

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