Inaugurée il y a moins de 10 ans, la place de la nation ambitionnait de servir d’attraction à la population, de divertir les éventuels touristes et de consolider l’image de Ndjamena en tant que la “vitrine de l’Afrique centrale”. 10 ans après, qu’est-elle devenue ?

L’affluence humaine, bien qu’elle ait baissé, n’a guère altéré l’envie de ces nouveaux de visiter cette installation. L’écho de l’infrastructure a atteint des distances considérables : provinces les plus reculées, au-delà des frontières. Cela à travers les publicités et son image diffusée à longueur de la journée sur la chaine nationale (télé-Tchad). « Je viens de Bedaya et je profite de mon séjour pour visiter ce site. C’est mon cousin qui m’a raconté la beauté du lieu et son ambiance. Je ne pourrai m’en empêcher après avoir entendu les commentaires qu’il a faits à son retour de Ndjamena en 2013 », déclare Ndilnodji Hubert de Bedaya. Tahir Wardougou, en provenance de Tiné, relève qu’il est plus impressionné par la Place de la nation dans la nuit, de par sa luminosité, l’animation et les écrans géants. Il y a aussi la fraicheur que ce dernier admire.

Cependant, les habitués de Ndjamena, permanemment en contact avec cette structure, soulignent d’autres faits bien contraires à ceux des visiteurs temporaires. Abdelmadjid Abba Moussa, présent à l’inauguration du lieu en 2010, l’a fréquenté de jour tout comme de nuit pendant longtemps. Il témoigne : « Au début, c’était vraiment beau, très beau même je peux le dire. On venait passer du temps avec les amis, on rentrait bien tard, parce que c’était attrayant, sécurisé et tranquille pour échanger les idées. Mais le problème est que ce dernier temps, il y a des délinquants qui la fréquentent et foutent la trouille aux autres. L’affluence n’a trop changé, mais ce sont les effets qui ont changé ». L’effet de délinquance relevé est confirmé par Madjidené Alphonsine, qui dit avoir été agressée et harcelée une fois, par des jeunes en groupe. Quelque chose d’inhabituel, mais mettra fin à sa fréquentation dudit lieu.

Parlant des effets, la structure est dégradée à un certain niveau, faute d’entretien. L’on note les ampoules qui ne brillent plus comme avant, dont certaines demandent à être changées. Il y a aussi les circuits des fontaines, des jets d’eau rouillés, non fonctionnels depuis des années. Les plaques et carreaux de l’arc, le point principal de la place de la nation en décombres. À tout cela s’ajoute l’état de délabrement du monument, qui a perdu toute sa splendeur et des petites installations qui ne jouent plus leurs rôles comme au début. Rôle qui est celui d’immortaliser le passage par des séances de prise de photo, de vidéos. Qui reste le plus souvent le plus beau souvenir de ceux qui sont passés par là.

De tout ce qui précède, les vigiles attestent les faits et restent des témoins inactifs de la dégradation de ce lieu. Il n’est pas encore trop tard pour redonner la beauté à ce lieu comme en 2010. Seulement 6 ans après, et voir l’état dans lequel se trouve ce lieu, laisse à demander s’il y a du suivi pour maintenir la splendeur de la “vitrine de l’Afrique centrale ?” Il n’est pas à oublier que cette infrastructure a couté des milliards de nos francs.