Au cours de la semaine dernière, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et ses partenaires ont atteint des milliers de personnes récemment déplacées par les violences de Boko Haram au Tchad et au Cameroun avec une assistance alimentaire et nutritionnelle vitale.

Au Tchad, plus de 5 000 déplacés internes ont reçu une assistance alimentaire et nutritionnelle pour la première fois alors que les préoccupations sécuritaires et d’accès les ont coupés de toute assistance. Les distributions sont en cours avec l’objectif d’atteindre jusqu’à 35 000 personnes ce mois-ci – des personnes qui ont été coupes de toutes assistance.

«Dans les régions au nord de Baga Sola, au Tchad, les sites de déplacés se sont multipliés en quelques mois, jusqu’à 22 sites actuellement», a déclaré Mary-Ellen McGroarty, Directrice pays du PAM au Tchad. «On nous a dit que les populations luttent pour survivre. Certains ont raconté qu’ils ont survécu uniquement grâce à du maïs pendant des semaines. Nous avons commencé les distributions de la nourriture dans les 5 sites où les besoins sont les plus critiques et nous travaillons à atteindre d’autres sites. Il n’y a pas de routes qui mènent à ces sites. Cela signifie des trajets de 300 kilomètres, aller-retour, dans le sable. Nous voudrions avancer plus rapidement mais les défis sont énormes».

Depuis décembre, les violences continues et accrues dans le nord-est du Nigeria et le long des zones frontalières ont déraciné 400 000 personnes supplémentaires. Pendant la même période, le nombre de personnes déplacées au Niger, au Cameroun et au Tchad a presque doublé. À ce jour, on estime que 2,8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur ou à travers les frontières, dont 2,2 millions sont au Nigeria.

L’insécurité, les déplacements et les perturbations des activités agricoles et du commerce transfrontalier continuent de compromettre les moyens de subsistance des communautés et leur capacité à produire ou à acheter suffisamment de nourriture pour leurs familles.

Plus de 5,6 millions de personnes dans les zones touchées par les violences de Boko Haram au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger souffrent de la faim. Le PAM craint que la période de soudure, qui commence normalement en mai/juin, puisse commencer beaucoup plus tôt.

«Cette assistance survient à un moment critique, alors que nous avons constaté un flux croissant de personnes forcées à fuir leurs maisons en raison des violences actuelles», a déclaré Denise Brown, Directrice régionale du PAM pour l’Afrique occidentale et centrale.

En réponse à l’insécurité alimentaire croissante, à la menace de malnutrition et au déplacement continu dans le bassin du lac Tchad, le PAM prévoit d’intensifier son assistance, passant de 600 000 bénéficiaires à près de 750 000, y compris les réfugiés, les personnes déplacées, les retournés et les communautés d’accueil.

Dans les zones où la nourriture est disponible et où les marchés fonctionnent, le PAM vise à introduire progressivement les transferts d’espèces, permettant ainsi aux bénéficiaires d’acheter la nourriture dont ils ont besoin, tout en injectant de l’argent dans l’économie locale.

Ces derniers jours, 35 000 déplacées internes et résidents locaux vulnérables ont bénéficié des premiers transferts d’espèces dans la région de Diffa, au Niger. La grande majorité a fui leurs maisons il y a 12-18 mois, mais comme les violences perdurent, ils ne peuvent pas y retourner. En fournissant des transferts d’espèces aux personnes déplacées et à la communauté locale, le PAM aide également les communautés à retrouver un sentiment de normalité.

Le PAM est entièrement financé par les contributions volontaires des gouvernements, du secteur privé et des donateurs individuels. Le PAM a besoin de toute urgence de 75 millions de dollars pour couvrir les besoins immédiats des déplacés et des communautés d’accueil vulnérables dans le bassin du lac Tchad jusqu’en juillet. Le PAM dispose actuellement d’environ la moitié de cette somme.

« Nous nous concentrons à atteindre les populations récemment déplacées. Mais c’est une question d’équilibre », a ajouté Brown. «Parvenant au secours de toutes les personnes récemment déplacées, nous ne pouvons pas fournir autant d’assistance que nécessaire aux personnes qui ont été déplacées pour une période plus longue ou aux communautés d’accueil vulnérables. Le manque de financement nous oblige à faire des choix difficiles.»