N’Djaména, capitale tchadienne, connait un nombre croissant d’auberges. Les conditions d’hygiène dans ces auberges exposent les utilisateurs à de multiples maladies transmissibles. Votre journal Tchadinfos.com vous propose un reportage sur les fréquentations et le manque d’hygiène.

Il est 17 heures 30 minutes devant l’auberge « Sous tamarinier » non loin du viaduc de Chagoua. Les travailleuses de sexe, souvent habillées en mini-jupes collantes et autres habits transparents, se pointent en brassières. Ces professionnelles de sexe exposent leurs marchandises au public composé majoritairement des hommes en tenue de camouflage (turbans, casquettes, lunettes noirs, etc.). Ils n’hésitent pas à afficher leurs sollicitations. Le coût du fruit « défendu » est à la bourse de tout le monde. Le prix pour la passe varie entre 1500 et 2000 FCFA, et les tenanciers des auberges se frottent bien les mains, sans se soucier de la santé de leurs clients.

À l’auberge « Golpodium » non loin de caravelle où nous nous sommes rendus, des jeunes filles et des femmes fourmillent dans la cour. Les yeux rivés sur chaque homme qui fait son entrée, leur technique d’approche est la salutation. Puis, elles demandent en arabe local, « n’andasso wa ? » c’est-à-dire « est-ce qu’on peut entrer dans la chambre ? ».

Quelques instants plus tard, un homme se dirige vers le réceptionniste de l’auberge qui ne tarde pas à lui donner la chambre. En un clin d’œil, une femme le suit dans la chambre. À peine quinze minutes après, la vendeuse de sexe ressort pour accueillir un autre homme. Les draps sont inchangés. Les chambres dégagent une odeur nauséabonde. Juste un coup de désinfectant, la femme est prête à accueillir un autre client. Un homme rencontré dans la cour de l’auberge se plaint : « Vraiment je suis désolé, mais on fait avec. Au lieu que les propriétaires instruisent à leurs employés de nous mettre dans un climat propre, ce qui les intéresse c’est l’argent », a-t-il lâché.

Nathalie la trentaine, consciente des risques que son métier présente, interpelle les responsables des auberges à plus de responsabilités. « Une auberge est lieu où plusieurs personnes viennent. On doit normalement assainir et appliquer les règles d’hygiène. Malheureusement ce n’est pas fait. Je demande aux tenanciers de prendre leurs responsabilités en mains, car la santé des clients en dépend », interpelle-t-elle.

Selon certains responsables, la situation d’insalubrité dans les auberges est due à l’incivisme des clients. « J’ai tout fait pour mettre mes clients dans des conditions d’hygiène acceptables. Mais, ceux-ci ne sont préoccupés que par le besoin de satisfaire leur libido et bafouent les règles », se justifie-t-il.

Face à cette situation, le service d’hygiène et d’assainissement de la ville de N’Djaména, censé faire le suivi, et le contrôle des auberges doit intervenir pour régulariser la situation.