Sur le terrain, les troupes françaises et maliennes progressent vers le nord. Le point sur la situation diplomatique et militaire.

Le président Ivoirien Alassane Ouattara a appelé samedi à un «engagement plus large des grandes puissances» aux côtés de la France dans les opérations militaires contre les islamistes, retranchés dans le nord du Mali. Il s’exprimait en ouverture d’un sommet des principaux chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique de l’Ouest, entamé aujourd’hui à Abidjan (Nigéria). Une réunion consacrée au déploiement d’une force d’intervention africaine au Mali, où l’armée, appuyée par les troupes françaises, a repris la ville de Konna (centre) aux islamistes.   Les participants doivent convenir d’«accélérer» le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), qui a reçu mandat de l’ONU pour aider le Mali à reprendre le contrôle des territoires occupé depuis plus de neuf mois par des groupes armés islamistes qui y ont multiplié les exactions. Présent à Abidjan, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé à la force africaine à se déployer «le plus vite possible», rappelant que l’opération française engagée le 11 janvier  «n’a pas vocation à se substituer à l’action de la Misma».   La France a aujourd’hui 2000 militaires engagés au sol au Mali, où l’objectif de 2500 soldats français déployés pourrait être dépassé, a indiqué samedi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Fabius : «Les Africains doivent prendre le relais»   «La France a été obligée d’intervenir très, très rapidement sinon il n’y aurait plus de Mali mais il est bien entendu que ce sont les Africains qui doivent prendre le relais», pour la «reconquête du Mali», a déclaré vendredi Laurent Fabius à la radio RTL, à son arrivée. Interrogé sur le temps qu’il faudra pour que la Misma soit opérationnelle, le chef de la diplomatie française a parlé de «semaines».   Il a aussi insisté sur la nécessité d’une dimension politique dans le règlement de la crise, déclenchée en janvier par une offensive de rebelles autonomistes touareg, ensuite évincés du nord du Mali par les islamistes. «Il faut une discussion entre le sud et le nord du Mali, où il n’y a pas seulement des terroristes, c’est l’aspect politique, et il y a aussi l’aspect développement car ces gens-là sont extrêmement pauvres», a souligné M. Fabius.   «La France n’est au Mali que pour appuyer le Mali et l’Afrique», a jugé le président nigérien Mahamadou Issoufou dans un entretien au quotidien français Le Parisien, estimant que la crise malienne porte un risque de déstabilisation de «l’ensemble des pays du Sahel».   Konna sous contrôle franco-malien   Quelque 2.000 membres de la Misma doivent être déployés au Mali d’ici au 26 janvier. Une centaine de soldats togolais et nigérians sont déjà arrivés à Bamako, et une trentaine de Béninois sont en route. Et les forces nigériennes «sont prêtes» à intervenir «à tout moment», selon M. Issoufou. Huit pays ouest-africains – Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso – ainsi que le Tchad ont annoncé leur contribution à la Misma. Au total, quelque 5.800 soldats du continent africain doivent contribuer à prendre le relais de la France.   Celle-ci poursuit son intervention aux côtés de ce qui reste de l’armée malienne. Plus de 1.800 soldats français sont déjà présents au Mali et leur nombre devrait prochainement être porté à 2.500, selon Paris. Bamako a annoncé avoir repris jeudi «le contrôle total» de Konna, à 700 km au nord-est de Bamako, tombée le 10 janvier aux mains des combattants islamistes, ce qui avait précipité l’intervention française. «Les troupes françaises ont été accueillies dans la joie et l’allégresse par la population. Tout est redevenu calme, les extrémistes sont partis et les gens vaquent à nouveau à leurs affaires», a témoigné Amadou Guindo, un adjoint au maire de Konna, joint par téléphone.   De son côté, l’armée malienne a annoncé ce samedi que les jihadistes avaient «fui» la ville de Diabali et que l’armée malienne s’apprêtait à y faire son entrée. Constat confirmé par le préfét de région, Seydou Traoré :  «Ils sont partis précipitamment dans la nuit de mercredi à jeudi de Diabali, en direction de l’Ouest, mais nous nous méfions car ce sont des guerriers», a-t-il dit. Selon lui, «ils ont laissé des tas de munitions et de grenades» dans la commune et «il y en a sûrement qui sont restés éparpillés dans la ville». Il a ajouté avoir conseillé à la population de ne pas «s’approcher» des munitions et grenades laissées par les combattants islamistes.   Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a rendu vendredi «hommage» à l’action au Mali de la France, qui a «pris l’initiative de tenter de bloquer Aqmi». «Nous essaierons de l’aider dans cet effort comme le font d’autres pays», a-t-il indiqué. Washington a fourni des renseignements et promis des moyens de transport aérien à la France.

Source : Libération