Les MNT (Maladies non transmissibles), provoquées pour la plupart des cas par le tabagisme ou l’alcoolisme constituent l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans nos hôpitaux. Des obstacles à la productivité humaine.

Les MNT sont à l’origine de 70% des décès dans le monde. Leur évolution est lente et insidieuse. Selon les données de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), sur 57 millions de décès dans le monde, 36 millions sont dus aux MNT. Et ce bilan pourrait s’accroitre d’ici 2030 à 52 millions si rien de concret n’est fait. Les plus connues des MNT sont les tensions artérielles, les cancers, les pneumopathies, les cardiopathies, etc. Au Tchad, 31% des hommes et 34% des femmes, au-delà de 18 ans, sont hypertendus selon l’OMS. Statistiques quasi similaires pour la prévalence au diabète d’après les récentes études du diabétologue, M. Dionadji. Les cas de décès notifiés liés aux cancers dépassent les 4.000 depuis 2013. “Le taux de mortalité des maladies respiratoires (asthme) a aussi considérablement augmenté. Plus de 54% chez l’homme et la femme sur 100.000 individus. Le tabac en est la cause principale. Un bâton de cigarette contient près de 4.000 produits chimiques (méthanol, nicotine, goudron…) qui occasionnent la majorité des AVC’’, informe le médecin, Mme Neneodji Mbairo.

Les méfaits du tabac

Le tabac est également responsable d’un tiers des cancers dont le plus notoire est le cancer des poumons avec 90% des cas liés au tabagisme actif et 5% pour les passifs. Un actif peut ainsi empoisonner une dizaine de passifs dans un endroit clos. A savoir: fumer une seule cigarette, c’est écourter son espérance de vie de 2 heures 40 minutes. Plus de 600.000 cas annuels concernent les enfants dont l’entourage fume. Il cause également la tuberculose, et chez le fœtus, l’exposition au tabac peut entrainer un retard de croissance, la prématurité, perte de poids et décès.

Les maladies causées par le tabac sont multiples, néanmoins le tabagisme est une des premières causes de mortalité évitable et prématurée de l’humanité. On peut prendre des mesures simples pour réduire son impact néfaste sur les plans sanitaire, socioéconomique et environnemental.

Impact sur la productivité

Par ces dégâts humains, les MNT entravent le développement. Car le malade, sujet à des malaises chroniques, devient invalide et improductif. Cela peut être temporaire ou permanent. Et de surcroit, sa prise en charge épuise, appauvrit son entourage en lui imposant de verser un “lourd tribut physique, moral et financier. Des médicaments couteux, une assistance frustrante, une incapacité du patient de vaquer normalement à ses occupations, etc.’’ La lutte contre les MNT doit s’attaquer à ces déterminants, précisément le tabagisme.

Davantage de taxation du tabac doit être reconnue comme solution de développement durable et moyen efficace d’endiguer la propension des MNT, surtout chez les jeunes. Bien que le tabagisme soit un véritable problème de santé publique, 2% de son imposition sont reversés à l’environnement mais rien pour la santé à ce jour. “Une augmentation de 50% de droit d’accise peut couvrir 29% des dépenses de santé publique. Beaucoup de pays (Togo, Gabon, Thaïlande, Egypte, Usa, etc.) suivent cette voie. Les redevances ainsi engrangées sont allouées pour financer de nombreux projets sanitaires, jeunes ou économiques. Le Tchad devrait s’y pencher car c’est un réel manque à gagner’’, suggère Daoud E. Adam, secrétaire général de l’Association pour la défense des droits des consommateurs (ADC).

Bactar Frank I.