Un groupe de conseillers de la commune du 7e arrondissement de N’Djamena dit avoir destitué la maire et son 2e adjoint depuis le 8 octobre pour violation des textes. Mais pour le 2e adjoint au maire Mahamat Saleh Brahim, cette décision est illégale.

En date du 8 octobre 2020, 21 conseillers sur 32 ont signé une décision portant destitution de la maire de la commune du 7e arrondissement Elsepa Akodmo et de son deuxième adjoint Mahamat Saleh Brahim. Un mois plus tard, le deuxième adjoint au maire répond aux conseillers de ladite commune.

« Le conseil municipal a pour rôle de contrôler des activités, proposer des projets dans le cadre des activités de la commune. Les conseillers ne sont pas des gestionnaires ni des employés de la commune. Ils ont tenu leur réunion dans la rue pour dire que la maire et le deuxième adjoint au maire sont destitués », a d’abord déclaré Mahamat Saleh Brahim.

Pour lui, ces conseillers n’ont pas respecté la procédure de destitution d’un membre de l’exécutif municipal. « Pour destituer un maire, il y a des procédures à suivre. Si le maire doit être destitué ou suspendu, ce n’est pas aux conseillers de le faire. Ils doivent adresser une note à la tutelle. C’est sur proposition du gouverneur que le ministre de l’administration et du territoire peut convoquer le conseil avant de destituer le maire », a-t-il précisé. « Les conseillers ne sont pas là pour à chaque fois destituer. C’en est de trop », hausse-t-il le ton.

Pour le deuxième adjoint au maire, c’est la question de l’argent qui guide ces conseillers frondeurs.« Les conseillers de la commune ont des arriérés (jetons de présence des sessions) de l’année 2019. Moi et la maire titulaire sommes installés en période de la pandémie du coronavirus. Il a fallu attendre le 15 juillet pour que les mesures soient levées afin que la commune exerce ses activités. Pendant ce temps, ils nous ont adressé leur recommandation pour réclamer leur dû. Nous avons fait parvenir leur recommandation à l’Inspection générale d’Etat. Elle leur a demandé d’attendre, le temps d’éponger les arriérés des employés de la commune. Du jour au lendemain, les conseillers ont vu qu’il n’y a pas d’argent, ils ont décidé de nous destituer », explique-t-il.

Les conseillers frondeurs ne reculent pas


« Le conseil ne demande pas d’être payé », rétorque le porte-parole du conseil communal, Mbaïressem Djenade. « Nous les avons destitués pour violation de texte », martèle-t-il. « Le budget de l’année 2020 a été voté en partie. Nous avons dit que nous venons en session extraordinaire en juin pour revoir le budget. Ce n’est pas fait. De surcroit, l’inondation est venue. Nous avons demandé de réorienter le budget mais sans suite », justifie-t-il.

En ce qui concerne le deuxième adjoint au maire, le porte-parole des conseillers clame qu’il est condamné pour « escroquerie par la justice. Il ne peut occuper un poste. C’est aujourd’hui qu’il dit que les conseillers ne sont pas éligibles pour le destituer ». Mbaïressem Djenade rappelle à Mahamat Saleh Brahim qu’il est mal placé pour leur faire la morale à propos de la destitution des maires car, note-t-il, il en a usé pour devenir un membre de l’exécutif. « Il est devenu adjoint au maire, et il a commis une erreur, donc on peut le destituer conformément aux textes. Face à cela, il doit s’incliner », insiste le porte-parole du conseil communal.