Le visage du septième art a d’une manière ou d’une autre changé depuis le début des années 2000 grâce à quelques films tchadiens à succès national. Retour sur ces films qui ont donné un nouveau souffle au cinéma tchadien.

Projeté pour la première fois à Bongor le long métrage ‘’Moussa et Christian’’ a été d’un appui fort pour briser les rides de clivages à une époque où la division religieuse était au centre des débats au Tchad. Le scénario de ce film est fascinant. Il tire sa source de l’histoire réelle vécue par le réalisateur Noudjalbaye Ngardidono. Le scénario relate le vécu de deux gamins, l’un musulman et l’autre chrétien unis par la passion et l’amitié. Ils seront confrontés à un dénivelé religieux venant des deux parents qui eux aussi ont été proches à leur bas âge. L’amour de la patrie triomphe et les parents des deux enfants s’assiéront ensemble, mangeront et fumeront le calumet de la paix après un léger accrochage. Un film qui a servi à conscientiser l’ensemble du peuple tchadien et a été présenté en 2005 au Fespaco.


D’une durée de 1h et 17 minutes, le film ”Madion” retrace quant à lui le cancer qu’est l’excision dans nos sociétés. L’excision est considérée au Tchad comme un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles. Dans le scénario, il est principalement question de Madion, une jeune fille passionnée par l’école qui sera confrontée aux injures et vue comme une personne répugnante pour ne pas s’être faite exciser. Face à ces préjugés, sa tante se lancera dans une lutte sans merci pour la convaincre d’y aller après plusieurs échecs auprès de ses parents. Madion perdra la vie au cours de cette pratique. Une pièce écrite par Noudjalbaye Ngardidono et coproduite par Belacd de Sarh/Save. Pendant plusieurs années , ce film a occupé le cœur de l’actualité avec une forte réorientation sur le regard sur ce phénomène.

“Pour un veau” plus connu sous le nom de Gael, le nom de l’acteur principal est une transcription d’un phénomène cruel qui touche d’innombrable innocents et continue de se perpétuer au Tchad. L’histoire relate l’aventure d’un jeune villageois d’environ dix ans qui sera vendu à un éleveur pour la valeur d’un veau. Sa mère voyait son avenir à l’école mais impuissante à cause de la tradition qui enlève le droit d’opposition à une épouse. Elle verra son unique fils devenir éleveur de bétails et se faire maltraiter par son maître. Astreint à la souffrance, Gael mourra devant les portes du palais de Justice alors qu’il tentait d’aller plaindre son sort. Une fin tragique qui met en exergue comment vivent les enfants vendus aux détenteurs de grands troupeaux. Ce film a marqué toute une génération.

Le film ‘’02 février’’ relate l’histoire de quatre adolescents issus des “familles intouchables ” qui sèment la terreur dans leur école. Cette attitude récalcitrante pousse le censeur à faire appel à un colonel de l’armée surnommé ALKANTO, l’acteur principal mais aussi le justifier avec sa devise fétiche « nul n’est au-dessus de la loi ». Le colonel Alkanto traquera les quatre élèves. 02 février est tourné entièrement au Tchad pour en sortir 52 minutes de pur loisir diffusé à une époque dans tous les ciné-clubs au Tchad.

“Ici on se débrouille” est une série de courts-métrages tournée et réalisée en 2005 par le groupe LES KAARCASS composé de Mbainodjiel Nelde Calvin dit DJIGRI PARTERRE, de Borkoum Dingamdod et Yves alias CACH-CACH. Ce film relate le comportement des jeunes des années 2000 qui se débrouillent avec des petits jobs pour subvenir à leurs besoins mais jouent les riches auprès de filles qui découvriront plus tard que les prétendus gosses des riches sont en réalité des débrouillards. D’un air comique, les acteurs ont su passer le message de vie et du travail aux téléspectateurs. Le film a connu un franc succès sur le plan national.


Il faut souligner que plusieurs autres films ont connu un succès allant des films de Abba Kalam, à ceux de Hassan Gnélé et Alhadj Tawa. Tous ont pour point commun l’unité à travers le divertissement.