Pays ensoleillé de par sa situation géographique situé au cœur l’Afrique, le Tchad dispose d’énormes potentialités énergétiques mais manque cruellement d’électricité dont la production locale est fortement tributaire du gasoil.

La capitale du Tchad, N’Djamena, d’environ 2 à 3M d’habitants subit d’énormes délestages en période de fortes chaleurs. Un ras-le-bol d´énoncé par la population dont la demande en électricité est de plus en plus croissante.

Le délestage électrique consiste à priver temporairement d’électricité dans une ou plusieurs zones lorsque l’offre est faible par rapport à la demande. Au Tchad et principalement dans la capitale N’Djamena, lors de pics de consommation, les zones administratives et résidentielles sont priorisées. Il faut noter que les factures de consommation de ces zones sont à la charge de l’Etat tchadien qui est connu comme mauvais payeur vis- à-vis de la Société Nationale d’Electricité (SNE).

Problématique

Ce phénomène récurrent de délestage intempestif d’électricité est le fait des 3 points techniques : faible production, l’instabilité du réseau électrique et une mauvaise gestion de l’énergie électrique.

  • La production d’électricité au Tchad dépend fortement des centrales thermiques qui fonctionnent au gasoil. Faute de renouvellement et de maintenance, les centrales perdent en rendement et tombent souvent en panne. Malgré d’énormes investissements, les capacités de production sur l’étendue du territoire restent très faibles : N’Djamena (120MW), Komé (129 MW), Farcha 1 (22 MW), Farcha 2 (63 MW), Djermaya (20 MW), Sarh (10 MW) pour ne citer que les grandes unités de production. Si la raffinerie de Djermaya approvisionne quotidiennement la SNE à hauteur de 10 à 13 citernes pour faire tourner les centrales, la gestion de ce gasoil est source de polémiques. Cela explique les changements fréquents des responsables de ladite Société Nationale d’Electricité (SNE).
  • Le réseau électrique du Tchad souffre de vieillissement de ses infrastructures électriques datant pour la plupart des années d’indépendance, des raccordements anarchiques et frauduleux et d’utilisation des équipements électriques non règlementés. Cette instabilité du réseau électriques, est par ailleurs, source de plusieurs incendies d’origines électriques constatées ces dernières semaines dans plusieurs villes du Tchad.
  • Tout comme l’environnement, la gestion de l’électricité doit être un comportement. Certes, il est difficile de gérer quelque chose qui n’existe pas. Cependant, changer les habitudes de consommation électrique permettra d’économiser l’énergie disponible, d’atténuer les délestages et d’alléger les factures. Cette responsabilité collective passe par une sensibilisation et un accompagnement de la population sur la nécessité d’adopter une Eco-consommation.

Solutions

Si des solutions d’urgence sont envisagées à court terme pour pallier à la forte demande, le Tchad s’est engagé vers un Mix énergétique sur le long terme.

  • Un projet d’interconnexion des réseaux électriques du Tchad et du Cameroun est en phase d’étude de faisabilité. Le projet consistera en la construction d’une ligne principale Haute tension (HT) de 225 kV entre N’Gaoundéré et N’Djamena, d’une bretelle de ligne HT de 225 kV entre Maroua (Cameroun), Bongor (Tchad), Guelendeng et N’Djamena (Tchad), des Postes de transformation HT/MT associés, ainsi que des réseaux de distribution, pour l’électrification rurale le long des couloirs de ligne.
  • Des mesures d’exonération sur l’importation du matériel électrique ont été prises par le gouvernement pour permettre à des Producteurs Indépendants en Partenariat Public-Privé (PPP) de produire d’électricité afin d’injecter sur le réseau. Plusieurs chantiers des parcs solaires ont été lancé parmi lesquels le projet Djermaya Solar à Djermaya, ville située à 30 Km de N’Djamena. Ce projet qui a mobilisé le financement nécessaire en 2021 se fera en deux tranches pour une capacité totale de production de 60 MW.
  • Quelques conseils utiles pour une gestion optimale de l’énergie électrique:
  • Utiliser des lampes à LED (consomment peu d’électricité et durent longtemps),
  • Ne pas laisser allumer les lames inutilement,
  • Ne pas laisser brancher les appareils quand ils ne sont pas utilisés,
  • Vérifier l’étiquette énergie pour tout nouvel achat,
  • Choisir des appareils moins énergétivores,
  • Améliorer l’isolation des logements,
  • Optimiser, les stores du côté du soleil ou partout dans la maison si vous vous absentez pendant la journée, planter des arbres pour faire de l’ombre et apporter de l’utilisation des climatiseurs (climatisation naturelle dès que possible, en fermant les volets, les rideaux la fraîcheur à votre maison),
  • Réparer ou donner vos appareils abimés…

Pour finir

Malgré les énormes investissements que nécessitent le secteur des énergies renouvelables, l’exploitation des potentialités naturelles (solaire, éolien…) du Tchad reste l’une des alternatives crédibles pour répondre favorablement au besoin énergétique à moyen et long terme.

Le plan National de Développement (2022 -2026) ainsi que les prochaines assises nationales devraient faire du secteur énergétique une priorité dans l’optique d’un Tchad meilleur à l’horizon 2030.

Cependant, il faut noter que la réussite de tous ces projets dépend essentiellement de la volonté du gouvernement tchadien à trouver des solutions pérennes aux problèmes liés au secteur énergétique. Un investissement conséquent permettra de résoudre les problèmes techniques mais pas les problèmes d’ordres humains qui nécessitent une large sensibilisation du personnel, des gestionnaires qualifiés et de bonne moralité et un suivi régulier des machines (audit, maintenance…).

MAHAMAT-NOUR Issa

Ingénieur en Génie Electrique

Coordinateur Essais & homologations véhicules (Groupe Stellantis)