L’année 2018 ne s’est pas achevée sur le néant sur le plan littéraire. Plusieurs productions et événements littéraires ont meublé le paysage des hommes de lettres. Du mois du livre au festival le souffle de l’harmattan, les Tchadiens ont montré leur amour pour la littérature. Votre site Tchadinfos.com vous propose de faire la connaissance de l’un des écrivains tchadiens qui a été honoré par le ministère du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat lors de la deuxième édition du mois du Livre.


Le lauréat du grand prix de la littérature tchadienne décerné lors de la deuxième édition du mois du Livre en novembre 2018 est sans aucun doute le plus prolifique des auteurs qu’a connus le Tchad. Lui, c’est Koulsy Lamko.
Ce natif de Dadouar dans la province du Guera a quitté le Tchad en 1983 à cause de la guerre qui y régnait. Agé alors de 24 ans, il débarqua au Burkina Faso et s’inscrivit à l’Université pour étudier les Lettres et l’Art. Après ses études, il enseigna pendant trois ans au pays des hommes intègres et créa en ce temps le festival international de théâtre pour le développement en 1986.
En 1990, son premier livre parut, la pièce de théâtre Mon fils de mon frère. Pour expliquer son amour pour l’écriture, il faut remonter à ses années du collège. « En 1974. J’avais 15 ans. Un acte de révolte ! C’est un poème rendu à la professeure à l’endroit d’un devoir de rédaction. Elle l’a affiché au babillard du collège dans le couloir de passage, parce qu’elle le trouvait magnifique. J’en fus fier », a confié l’auteur à la presse.
En 1998, il quitte le Burkina Faso où il travailla à l’institut des Peuples noirs. Koulsy Lamko se rendit au Rwanda pour participer à une résidence d’écriture “Rwanda, écrire par devoir de mémoire” et finit par s’y installer. Au pays des milles collines, Koulsy Lamko enseigna encore la Littérature et les Arts dramatiques à l’Université nationale du Rwanda à Butaré et fonda le Centre universitaire des Arts. L’auteur signa dans ce pays son livre La Phalène des collines en 2000, avant de quitter en 2002 le Rwanda.
Celui qui a aussi un doctorat en Littérature Comparé est un vrai nomade dans l’âme. Après le Rwanda, il vécut au Togo, en Côte d’Ivoire, en France, aux Pays-Bas puis déposa ses valises au Mexique où il vit actuellement. Lamko est un homme indépendant comme le souligne, son ami Dr Abderaman Ali Haggar. « Koulsy est né avec le Tchad. C’est normal qu’il soit indépendant dans la tête parce qu’il est né avec l’indépendance », déclare Dr Abderaman Ali Haggar. Ce grand entrepreneur culturel a fondé la Casa Hankili Africa à Mexico. Il est aussi coordonnateur de diffusion culturelle et d’extension culturel depuis 2014 à l’université de Mexico.
Outre ces pièces de théâtre, des romans, de la poésie, dont le dernier le roman Les Racines du yucca est paru en 2011, Koulsy Lamko est aussi poète chansonnier, metteur en scène. Avec Bir ki mbo un hommage à Thomas Sankara que le dramaturge a écrit, composé et interprété. Il est aussi acteur, en effet il tient le rôle du « père » dans le film « Abouna » du réalisateur Mahamat Saleh Haroun.
On ne peut citer toutes les casquettes que porte cet artiste polyvalent et unique. Pour le Ministre de la Culture Mme Madeleine Alingué, Koulsy Lamko est le Tchad indépendant et nouveau. Il a grandi avec le Tchad et avec son art, son écriture et son talent ; il a pu exprimer tous les aléas, tous les mouvements, tous les bonheurs, tous les malheurs de ce Tchad dans son œuvre ; il représente le Tchad et ce renouveau du Tchad qu’on veut positionner selon Mme Madeleine Alingué.
Très ému par cet honneur à travers le grand prix de la littérature tchadienne, Koulsy Lamko a déclaré lors de la réception : « C’est un moment inoubliable, le fait qu’à un moment donné de l’histoire de ma vie littéraire mon pays me reconnaisse et les artistes sont ceux qui ont proposé cette reconnaissance cela m’honore et me réconcilie avec moi-même dans mes luttes et me réconcilie avec cette nation-là. »