Dans un document conjoint intitulé «signal d’alarme des agents des Nations unies : les réfugiés au Tchad ne doivent pas être oubliés», rendu public ce vendredi, à N’Djaména au Tchad, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), alertent que, ces personnes, vivant dans le pays depuis plus de dix ans, ont toujours besoin d’assistance alimentaire et leur sécurité alimentaire reste précaire.

Le constat est fait suite à une mission d’évaluation conjointe menée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

Selon le rapport, de deux organismes onusiens, 43% des ménages dans les camps de réfugiés sont en situation d’insécurité alimentaire. La malnutrition chronique est supérieure au seuil critique de 40% et la majorité des enfants de moins de cinq ans souffre d’anémie.

«Le manque de ressources financières nous a contraints à réduire les rations alimentaires pour les réfugiés de moitié, voire plus – même s’il est vrai que nous avons pu atténuer l’impact de ces réductions par l’enregistrement biométrique et un ciblage basé sur la vulnérabilité et les besoins. Nous explorons aussi, avec nos collègues du HCR, les moyens de lier l’assistance alimentaire et non alimentaire pour mettre en œuvre des projets de résilience sur le long terme au bénéfice des réfugiés comme des communautés locales», constate la directrice du PAM au Tchad, Mary-Ellen McGroarty.

Cette situation pousse le PAM à introduire une assistance sous forme de transferts monétaires directs pour permettre aux réfugiés de diversifier leurs repas tout en stimulant les marchés locaux.

Dans l’immédiat, écrit-on dans le document conjoint, la mission d’évaluation conjointe met en lumière la nécessité de ressources supplémentaires pour éviter une aggravation de la situation nutritionnelle dans les camps. Il est également important d’investir dans la formation, le petit commerce, la micro finance ou les projets agricoles. Les retours volontaires doivent également être envisagés quand la situation dans les pays d’origine des réfugiés le permet, annonce le PAM et le HCR.

«Nous devons conserver la dimension de protection sociale de notre opération et le contrat social qui lie le HCR et le gouvernement,  a affirmé le représentant du HCR au Tchad, Jose Antonio Canhandula qui estime, par ailleurs que, «nous devons également évoluer de l’assistance vers le renforcement des capacités humaines et intégrer le programme destiné aux réfugiés dans un programme de développement de plus grande envergure. Notre mandat international de protection ne peut pas être accompli sans assurer la sécurité alimentaire pour les réfugiés et les communautés d’accueil» a ajouté José Antonio Canhandula.

Les camps au Tchad accueillent près de 400 000 réfugiés, dont 310 000 dans l’est du pays, originaires de la région soudanaise du Darfour, et 70 000 dans le sud, venant de la République Centrafricaine (RCA). Les réfugiés centrafricains sont arrivés par vagues depuis 2002 et ceux du Soudan ont fui leur pays il y a plus de dix ans. Ces dernières années, la région du Lac Tchad a accueilli 5 000 Nigérians qui ont fui les violences perpétrées par Boko Haram. Plus de 100 000 déplacés se sont par ailleurs rassemblés sur une quarantaine de sites. La capitale N’Djamena compte aussi 5 000 réfugiés urbains, sans assistance.