Les fonctionnaires tchadiens sont exposés à de multiples risques de maladies à cause de l’insalubrité  qui fait sa loi dans les latrines. En plus du manque  de prise en charge médicale, l’État ne fournit guère d’efforts à assainir leur environnement de travail. C’est-à-dire, la cour et les latrines des grandes institutions publiques  sont restées très sales. Elles sont envahies par les bouteilles d’eau (Cristal, Excel, Tangui etc.), des emballages et bien d’autres. Un tour dans les différents ministères et grandes institutions publiques nous a permis de nous rendre à l’évidence.

Au ministère de la Sécurité publique et de l’immigration, les toilettes publiques sont tellement crasseuses qu’elles donneraient envie de vomir à un chien. Les murs des toilettes sont incolores. A quelques mètres de l’entrée, une odeur nauséabonde met en quarantaine les fonctionnaires des différents départements et autres usagers-utilisateurs. Des papiers de tout genre, des bouteilles d’eau minérale telles que Cristal, Tangui, Excel, Life… sont déposés tout autour de WC. Cet environnement insalubre est la cause de maladies épidémiologiques (choléra, diarrhée…) de beaucoup des fonctionnaires qui n’arrivent pas à décrocher un billet pour une évacuation sanitaire.

Au palais de justice, c’est toujours le même constat. Là, l’escroquerie et l’arnaque bien structurées font leur loi aux utilisateurs des latrines. Elles sont utilisées contre rançon. Sous un azadirachta indica connu sous le nom neem, deux hommes sont assis. Ils remplissent des coqs-à-marre (sakhanes) et quelques sachets de  détergent. Ils lancent à qui veut les entendre : « Hiné da ma justice. Illé ti kéffi achara » en arabe local. C’est à dire (ici, ce n’est pas le palais de justice. Tu doit d’abord payer une somme de 50 FCFA sinon tu ne sera pas servi ».

Le building de Moursal, appartement qui abrite le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur, le Centre National d’Appui et de Recherche (CNAR), l’Hôpital Général de Référence Nationale (HGRN), Hôpital de la mère et de l’enfant (HME), le Complexe Hospitalier et Universitaire (CHU), hôpital américain,   c’est du pareil au même. Les conditions hygiéniques sont critiques.

Face à cette situation d’insalubrité, les fonctionnaires de l’État ne cachent pas leur indignation. Gaston, travailleur du ministère explique l’injustice sanitaire appliquée par ses patrons. « Je suis désolé d’une incessibilité de nos chefs dans ce ministère sur la situation sanitaire de certains agents malades qui n’arrivent pas à avoir les frais d’évacuation sanitaire. Dans un  pays normal, ces agents doivent normalement bénéficier d’évacuation sanitaire. Malheureusement, au Tchad, l’État ne tient pas compte de la santé de ses fonctionnaires », fustige-t-il.

Pour M. Ngarsanguem Ngarsouladé Julien, cette situation mérite une attention particulière des responsables de l’Union des syndicats du Tchad (UST). « Mon opinion est très claire. C’est celle de demander à l’UST d’inscrire dans son cahier de revendication, la prise en charge sanitaire de tous les fonctionnaires de l’État. Et, créer en étroite collaboration avec les autorités une commission nationale qui se consacrera à la santé des travailleurs » propose-t-il.

Rencontré dans le hall du HGRN, un infirmier s’exprime en ces termes : « Annuellement, il y a toujours une ligne budgétaire pour l’entretien des bâtiments et des douches. Hélas ! Ces fonds sont souvent utilisés pour d’autres fins ».

Vu l’insalubrité de ces latrines publiques, les autorités ont un impératif de rendre ces coins très fréquentés propres. Car, l’état de santé des fonctionnaires en dépend.