À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme célébrée tous les 10 décembre, le directeur général des droits de l’homme au ministère de la Justice,  Abdel-Nasser Garboa, a accordé une interview à Tchadinfos.com sur la situation des droits de l’homme au Tchad.

Quelle est la situation des droits de l’homme au Tchad ces dernières années ?

Les droits au Tchad ne se sont jamais aussi portés bien. En matière des droits de l’homme, il y a plusieurs paramètres qui nous permettent d’évaluer l’évolution des droits de l’homme.  Les droits de l’homme concernent plusieurs catégories d’individus, c’est pourquoi on parle des droits catégoriels. Il y a les enfants, les femmes, les personnes handicapées, etc. Si nous voyons ces différents paramètres avec nos partenaires,  il y a une nette amélioration et significative. Le Tchad est un pays qui revient de loin  avec des périodes de dictature au temps de Hissein Habré où, les droits de l’homme ont été réduits à leurs plus simples significations. Donc aujourd’hui au Tchad, à la veille de la célébration des droits de l’homme, les députés ont voté à l’unanimité la réforme de la Commission nationale des droits de l’homme. Avec cette réforme, le Tchad sera l’un des pays où les droits sont les mieux respectés. C’est une étape très importante du respect des droits de l’homme. Ce qui peut nous laisser entendre que les droits de l’homme sont en progression au Tchad. Concernant la question du respect des droits des enfants, avec le nouveau Code pénal adopté, il est garanti l’intégrité physique des enfants. Cela veut dire que les droits de l’homme au Tchad au niveau textuel évoluent très bien et les partenaires nous le reconnaissent.

Quels sont les défis à relever dans le cadre du respect des droits de l’homme ?

Les défis à relever sont dans le cadre de la formation du personnel. Au niveau des forces de l’ordre, nous en sommes conscients qu’ils ont besoin d’être formés plus et c’est un défi à relever avec les partenaires. Le défi de l’accès à la justice : beaucoup de gens n’ont pas accès aux tribunaux à cause des distances. Mais avec l’aide et l’assistance judiciaire, ces défis seront relevés. Le défi de l’extrémisme violent nous pose des problèmes parce que ça mobilise les moyens de l’État.

Au Tchad les manifestations pacifiques et meetings de l’opposition ou de la société civile sont systématiquement interdits. Est-ce que ce n’est pas une violation des droits de l’homme ?

La question de manifestation à elle seule ne résume pas les droits de l’homme. Le droit de l’homme ne saura être résumé aux droits de quelqu’un à manifester ou pas. Le droit de manifester est reconnu par les textes de la République du Tchad. Maintenant, pour manifester il y a des préalables à réunir. C’est le ministère de l’administration territorial et celui de la sécurité qui sont juges d’évaluation de ces éléments-là. Si ces administrations républicaines estiment que ceux qui ont demandé de manifester ne leur ont pas donné des garanties, ce n’est pas à moi, directeur général   des droits de l’homme de le faire. Mais déjà, si ces associations peuvent s’indigner, cela prouve qu’il y a la démocratie, cela prouve déjà qu’ils ont droit à l’expression. Je n’en disconviens pas, il y a des abus, mais au Tchad, des hommes en tenue ont été jugés parce qu’ils ont violé les droits de l’homme. C’est pour dire qu’au Tchad, les droits de l’homme sont respectés. Il y a des manquements et des défis à relever qui sont nos quêtes permanentes.  Les questions de droits de l’homme sont évolutives, il y a toujours des plaintes. On ne peut pas s’arrêter à ce niveau, il ne faut pas perdre espoir.

Propos recueillis par Moussa Nguedmbaye