Santé – Depuis des années, le Tchad et ses partenaires déploient des moyens colossaux pour lutter contre le paludisme, une maladie qui endeuille des milliers de familles chaque année. Mais, la maladie persiste. Qu’est ce qui peut justifier cette continuité ?

Chaque année, de nombreuses personnes souffrent du paludisme, d’autres en meurent. Cette année encore, avec l’abondance des eaux de pluie, le nombre de personnes atteintes de paludisme a flambé selon le constat fait dans quelques formations sanitaires.

Du centre de santé d’Atrone à celui d’Abena, passant par l’hôpital de l’union, tous situés dans la commune du 7ème arrondissement, le constat est alarmant. Ces établissements sanitaires construits pour accueillir un nombre limité de patients sont bondés de personnes atteintes du paludisme. Sur le visage de ces patients et des mères au chevet de leurs enfants, on peut lire de la tristesse.

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C’est le cas de cette mère rencontrée au chevet de son fils de 10 ans hospitalisé. Elle remet en question l’efficacité des traitements contre le paludisme administrés à son fils. « C’est la deuxième fois que je reviens ici avec le même enfant et à chaque fois, c’est le paludisme qu’on diagnostique. Je me demande si les remèdes pour le traitement du paludisme sont encore efficaces de nos jours », se plaint-elle.

Si pour elle, l’inefficacité du traitement antipaludéen est la cause de la persistance du paludisme au sein de la population, d’autres se plaignent du manque de moustiquaires imprégnées aux insecticides. « Il a commencé à vomir et avait de la fièvre intense, il avait aussi mal au ventre. C’est comme ça que je l’ai conduit dans un centre de santé où on l’a administré des médicaments. Le problème est que moi et mes 4 enfants dormons tous sous une seule moustiquaire. On n’arrive pas à échapper aux moustiques qui nous piquent à tout moment », évoque la mère d’un jeune patient rencontrée à l’hôpital de l’Union.

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« Je sentais les maux de tête, des vertiges et de la fièvre mais j’ai banalisé cela. Je prenais juste des médicaments que j’achetais soit à la boutique, soit avec les Dr Tchoukou jusqu’à ce que je sois complètement terrassée par cette maladie», témoigne Hadjidé Ousmaïne, rencontrée toujours à l’hôpital de l’Union. «Le médecin m’a dit que j’ai aussi de l’anémie et que c’est le manque de soin du paludisme qui m’a conduit à ce niveau. Cela fait 3 jours que suis admise ici », raconte-t-elle, fatiguée.

Selon le Médecin Chef de l’hôpital de l’Union, Dr Djimorné Djikini, ses services reçoivent généralement une cinquantaine de cas de paludisme par jour. Il est difficile de prendre en charge toutes ces personnes, l’hôpital ne dispose pas d’assez de places pour accueillir tout le monde, informe-t-il.

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Par contre, il justifie la recrudescence de cette maladie et la non efficacité de certains traitements par l’engouement de la population à pratiquer l’automédication. A cet effet, il relève que « la situation du paludisme en ce moment est un problème de santé qui se pose. Ici à N’Djamena, il y a la présence des moustiques toute l’année, et ils se développent sur les saletés et les caniveaux qu’il faut normalement traiter », explique d’abord le médecin. « Le traitement du paludisme semble peu efficace parce que la population s’adonne beaucoup plus à l’automédication or, il y a de nos jours plusieurs firmes pharmaceutiques et aussi de contrefaçon des médicaments. Pourtant, la personne qui a déjà pris les médicaments sur le marché, développe une résistance à certaines molécules vis-à-vis des médicaments que nous prescrivons » justifie-t-il.

Pour faire face à cette maladie, il demande aux personnes concernées de se rendre à l’hôpital dès l’apparition des premiers symptômes du paludisme.