Depuis deux semaines, se déroule la campagne de chimio prévention contre le paludisme saisonnier. Mais elle n’est du tout goût d’aucuns qui lui imputent leur rhume, problèmes respiratoires, etc. Ont-ils des raisons de craindre pour leur santé ?

Le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) procède depuis quelques jours à la pulvérisation des rues, quartiers et concessions de N’Djaména. Cette opération de chimio prévention vise à endiguer la prolifération du palu qui a certaines périodes de l’année fait de nombreuses victimes.

Mais certaines personnes voient cette opération d’un mauvais œil et craignent que le produit chimique pulvérisé occasionne d’autres maladies ou affections. C’est le cas de Blaise Dembé qui se plaint et craint le pire. “C’est un constat général dans les parages car tout le monde a attrapé le rhume. Leur produit a sali tout dans nos chambres (draps, ustensiles, meubles…). Par précaution, j’ai jeté la nourriture qui restait, ma brosse à dents et celles des enfants à la poubelle. Même si les agents venus pulvériser notre domicile nous ont recommandé de porter des masques, des lunettes, de fermer les portes des pièces durant 30 minutes”, témoigne-t-il. “On n’a rien demandé. Qu’on nous laisse utiliser nos encens et moustiquaires comme d’habitude“, renchérit un père de famille.

Même son de cloche du côté de Debnoné, locataire à Moursal, qui jure qu’il a contracté le rhume dès que deux agents sont passées pomper ce produit dans les rues de son quartier.”L’un, avec l’appareil au dos, pompait pendant que l’autre, tenant un bloc-note, le suivait (…). Pire, on ne connait même pas  le produit qu’ils pulvérisent dans l’air. Ça sent comme du gazole et les nez des mômes n’arrêtent de couler “, affirme-t-il.

Éclaircissements

Pour lever toute équivoque, le Coordonnateur du PLNP, Dr Mahamat Saleh Issakha Diar explique que le produit en question c’est le “Garde Grains DP (ou Pyrimiphos-Methyl 16/kg + Permethrine 3/kg), un insecticide de contact et d’ingestion de lutte contre les insectes utilisés dans l’agriculture. “L’on a constaté qu’autour des champs où l’on utilisait, il n’y avait pas de moustiques, vecteurs du palu ; ses molécules sont connues et la question ne se pose pas”, rassure-t-il.

“Quant aux effets secondaires, qui touchent d’abord nos agents qui sont en contact direct avec le produit, nous avons répété dans nos communications et ces derniers ont des fiches d’usage. En plus, ils ont à leur disposition du matériel de protection. Ce produit a les mêmes effets qu’un parfum ou pulvérisateur: quand on inhale, on éternue. A cela, il faut ajouter des picotements, des démangeaisons, migraines et c’est tout. Il ne cause pas le rhume. Au contraire, c’est même un antiparasitaire”, ajoute-t-il.

Il poursuit que “Les mesures à prendre, c’est de fermer les portes pendant une heure. Après dix jours, nous n’avons pas répertorié de cas graves. La campagne prend fin dans quelques jours, nous aurons un bilan”, conclut le coordonnateur.

C’est aussi l’avis du médecin, Dr Joseph Ampil. “Les molécules du produit pompé sont connues et validées par l’OMS qui déclare que les effets secondaires sont négligeables (éternuements, irritations, etc.). L’OMS préconise d’ailleurs la chimio prévention car plus efficace. Ce produit est utilisé partout dans les pays tropicaux et non seulement au Tchad”, assure-t-il.

BACTAR Frank I.