Les ménages tchadiens font toujours face à la dure réalité de la hausse des prix des denrées alimentaires sur les marchés, les contraignant à consommer les aliments dont les prix sont à leur portée.

Les marchés de Koundoul, à la sortie sud de N’Djaména, ceux de N’Djaména Koura ou encore N’Djaména Borno et de Linia, à la sortie Est de la capitale tchadienne, qui sont envahis chaque dimanche et jeudi, sont peu fréquentés par les N’Djaménois, impactés par la hausse des prix des denrées alimentaires. Sur ces marchés, seules quelques rares familles dont les revenus moyens n’excèdent pas les 1 000 FCFA par jour, qui viennent ces derniers temps se ravitailler en haricot, en mil à chandelle appelé aussi mil penicillaire et autres denrées alimentaires produites localement et dont les prix restent plus ou moins à leur bourse.

« Avant cette situation de cherté de vie couplée avec la guerre en Ukraine, les prix des denrées alimentaires étaient abordables dans nos marchés ici à N’Djaména. Avec les 50 000 FCFA de pension alimentaire que je reçois mensuellement de mon mari, j’arrivais non seulement à nourrir toute la famille, mais aussi à réaliser une petite économie pour mes soins corporels. Mais maintenant, hélas! », s’est lamentée Rachel, une femme de ménage, venue au marché de Linia pour s’approvisionner en haricot et mil.

Mariam Brahim, quant à elle, estime aussi que c’est un véritable casse-tête pour les femmes de ménage de nourrir les membres de leur famille en cette période où le sac du riz, les prix d’huile, du lait, du sucre ne cessent de croître, passant du simple au triple. « Tout est devenu cher. Même les produits locaux sont aussi chers. Les prix homologués par nos gouvernants en vue de favoriser notre accession à ces denrées alimentaires ne sont plus respectés », déplore-t-elle, en se plaignant que ces augmentations ont affecté les habitudes alimentaires de leur ménage. « Nous ne mangeons plus les mets de nos choix, mais plutôt ceux qui sont à la portée de nos bourses », a-t-elle résumé.

La valse des clients au marché de Linia et Koundoul en diminution constante

Le marché de Linia, qui aurait dû connaître une grande animation en cette fin de mois de septembre où tous les fonctionnaires et employés du privé ont déjà perçu leur salaire, ne connait pas cette ambiance caractéristique de la fin de mois où les ménagères affluent pour le ravitaillement du prochain mois. La morosité règne donc dans ce lieu d’échange, économiquement important pour la capitale tchadienne. « Avec la hausse effrénée des prix des denrées depuis déjà plus d’une année, nous avons perdu nos clients. Bien qu’aujourd’hui n’est pas jour du marché, mais c’est la fin du mois où d’habitude, le marché devrait s’animer (…) Mais malheureusement ! », se désole Hadjé-Elie, vendeuse de céréales à Linia.

« Entre le mois de janvier et la fin de ce mois de septembre 2022, le prix du haricot est passé de 900 FCFA le Koro à 1 500 FCFA et le prix du Koro du sorgho est passé de 350 FCFA à 800 FCFA. Et beaucoup d’autres produits locaux », dit-elle, assise sur son petit tabouret de fortune. Et beaucoup estiment que cette hausse effrénée des prix des produits locaux ne devrait pourtant pas avoir lieu, puisque que la production céréalière pour la campagne agricole 2021-2022 n’est pas aussi déficitaire, fait-on comprendre.