REVUE DE PRESSE – La campagne électorale pour la présidentielle du 11 avril dans un climat de contestation populaire, l’entrevue entre le président de la République et les leaders des Transformateurs, le retrait de pouvoirs à la Fédération tchadienne de football et la mise en place d’un comité provisoire du football sont les principaux thèmes qui ont intéressé la presse tchadienne pour la semaine du 15 au 21 mars 2021.

« 6ème mandat d’Idriss Déby : le peuple n’en veut pas »

Commençons cette revue de presse, comme ces dernières semaines par le sujet de la présidentielle du 11 avril prochain. « Campagne électorale : où sont passés les candidats en lice ? », s’interroge le quotidien Le Sahel dans sa livraison du jeudi 18 mars 2021. En effet, ce journal constate que la campagne électorale lancée depuis le 11 mars est « timide ». « En dehors du MPS qui fait son show, les autres partis et coalitions qui ont engagé des candidats restent muets », pointe-t-il.

Abba Garde qui est de retour dans les kiosques après neuf (9) mois de suspension constate que c’est une campagne présidentielle « A la soviétique ». Le journal qui passe de trimensuel à hebdomadaire justifie cette assertion par le fait que, selon lui, « Le parti au pouvoir a fait jouer toutes ses cartes pour que tous les dangers soient écartés sur son chemin ». Le journal cite notamment « Une CENI non paritaire », une Cour suprême et un CNDP (Cadre national de dialogue politique) que le pouvoir aurait mis de son côté, le rejet des candidatures des ressortissants des provinces du nord, etc.

Mais pour L’Observateur, « Le peuple n’en veut pas » pour parler du 6ème mandat que le président de la République brigue. L’Obs indique qu’à l’approche de l’élection présidentielle, quelques partis politiques, organisations de la société civile et syndicats réunis au sein d’une coordination dénommée “Actions citoyennes” organisent des marches pacifiques pour « revendiquer le départ d’Idriss Déby après 30 ans de règne ». L’Opinion va dans le sens en évoquant « Une campagne sous menaces et bavures policières », en référence aux marches contre la tenue de cette élection et un probable 6ème mandat du chef de l’Etat qui sont souvent réprimées par la police.

« Que cherche Dr Succès Masra chez le Maréchal Déby ? »

C’est l’information phare de la semaine dernière. Le leader des Transformateurs, Succès Masra et deux de ses vice-présidents, ont été reçus en audience le mardi 16 mars 2021 par le chef de l’Etat à sa résidence privée. Une rencontre qui a suscité de très nombreuses réactions, sur les réseaux sociaux notamment. C’est globalement un sentiment de surprise car ce jeune homme politique s’est posé en opposant farouche du président Déby. Certains de ses militants ont même crié à la trahison. Ce qui amène donc Le Sahel du jeudi 18 mars à s’interroger : «Que cherche Dr Succès Masra chez le Maréchal Déby ? » 

Comme pour répondre à cette question, Succès Masra, relayé par Le Progrès du mercredi 17 mars 2021, précise que cette audience intervient à la suite d’une demande que les Transformateurs ont adressée en octobre 2019 au chef de l’Etat, avec 20 propositions pour un Tchad Nouveau. « D’après M. Masra Succès, Les Transformateurs, en tant que forces de propositions de l’opposition, “diagnostiquent, comme des médecins et proposent des solutions” », écrit Le Progrès. « Le but de sa démarche auprès du président de la République est, selon lui, d’arriver à un dialogue politique avant le scrutin présidentiel, mais qu’il appartient, toutefois, au chef de l’Etat d’en décider », rapporte ce quotidien.

Un comité de gestion a 12 mois pour redresser le foot tchadien  

Après un retrait provisoire le 11 décembre 2020, le ministère en charge des sports a décidé le 10 mars 2021 de retirer définitivement la délégation de pouvoirs accordée à la Fédération tchadienne de football association (FTFA). Deux jours plus tard, par décret, le chef de l’Etat met en place un Comité national de gestion provisoire football au Tchad (CNGPFT). Selon Le Progrès du jeudi 18 mars 2021, ce comité, présidé par l’ancienne gloire du football tchadien, Japhet Ndoram, a un mandat de 12 mois et a pour tâches entre autres d’organiser une assemblée générale élective, gérer les affaires courantes du football sur tout le territoire tchadien, organiser des compétitions, détecter des jeunes talents, élaborer et faire valider un plan stratégique et une feuille de route pour huit (8) années. « L’heure de la renaissance du football tchadien a-t-elle sonné ? », se demande par conséquent Le Sahel du lundi 15 mars 2021.

« Ndoram Japhet à nouveau sollicité », écrit N’Djamena Hebdo. Le journal rappelle en effet que de 2008 à 2012, il avait été sollicité pour impulser une nouvelle dynamique et donner vie au centre de formation en football de Milezi. « Finalement, las d’attendre les moyens de travail, qui ne tombent pas, il avait jeté l’éponge et repris le chemin de l’hexagone », se souvient cet hebdomadaire.

L’Observateur quant à lui prévient qu’ « Un chantier titanesque l’attend ». L’Obs estime en effet que c’est une « patate chaude » que le jeune ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Christian Ndonga Routouang a renvoyé à Ndoram. « Sinon, est-ce que le fait que Ndoram Japhet va conduire ce bureau provisoire pourra faire sortir la fédération de cette situation calamiteuse dans laquelle elle se trouve ? Aussi, le temps à lui accordé, est-il suffisant pour redorer l’image de cette fédération connue pour ses bras longs et coups bas ? », se demande le journal, plutôt pessimiste quand aux chances de réussite de cette mission confiée Ndoram.

« Une décision controversée », estime de son côté Abba Garde. Ce nouvel hebdomadaire indique que cette décision est « bien accueilli par les férus du ballon rond tchadiens » qui espèrent que ce comité puisse trouver des solutions aux problèmes que traverse le football tchadien, « pris en otage depuis des années par des gens qui ne visaient que leurs intérêts ». Toutefois, précise Abba Garde, il faut craindre des sanctions des instances internationales, notamment la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération internationale de football internationale (FIFA) à cause de « l’ingérence du politique dans le sportif ».