Le village Kirfi, dans le Kanem, où aucun établissement d’enseignement n’est installé, accueille un centre d’alphabétisation construit par le projet Renforcement de la résilience et de la cohésion sociale dans les zones frontalières du Niger et du Tchad (RECOSOC). 50 femmes membres d’associations y suivent des cours.

Les apprenantes du centre d’alphabétisation de Kirfi n’avaient jusqu’à l’installation de cette structure, le 11 janvier 2022, aucune base en langue française. Elles appartiennent aux Associations villageoises épargne et crédit (AVEC) créées elles aussi par le projet RECOSOC, pour leur permettre de développer des activités génératrices de revenus.  

En les initiant à l’apprentissage du français, le projet veut les emmener à mieux tenir ces associations. Kouri Abba, 30 ans, fait partie des bénéficiaires de ce programme. « Bonjour », nous salue-t-elle. Ce mot est le mieux maitrisé par l’ensemble des apprenantes. Puis, connaissant ses limites, Kouri parle en langue vernaculaire interprétée par nos guides. « Je suis venue apprendre à lire et à écrire parce que notre association a besoin d’un secrétaire. Je suis très contente d’apprendre le français », s’émerveille-t-elle, ajoutant n’éprouver pas de difficulté.

Comme Kouri, Harmata Idriss, 30 ans, a également intégré ce centre. En trois mois de cours, elle a notamment appris à écrire correctement son nom, à lire et à compter. « Cette initiative est appréciée par la communauté. C’est bénéfique pour moi et mes enfants. Puisque nous n’avons pas d’école, je leur apprends tout ce que je connais. Janvier, février… Lundi, mardi », cite-t-elle, se satisfaisant de l’enseignement reçu.

Les cours sont dispensés 4 fois par semaine, de 8h à 11h 30 min, par le moniteur Abakar Mbodou. Après son baccalauréat A4, il a lui-même été formé par le projet pendant une semaine sur les « démarches et techniques pédagogiques ». « Depuis qu’on a commencé, les cours évoluent bien. Ces femmes ont vraiment la volonté d’apprendre. S’il y a plus de possibilités ( plus de salles de classe), elles iront loin », relève-t-il.

Ces femmes sont mensuellement évaluées par le service éducation du projet RECOSOC. « Nous encourageons nos femmes à étudier. Si le projet prend fin, on va se mobiliser pour faire former d’autres moniteurs », s’engage Mahamat Brahim, chef du village Kirfi.