PORTRAIT – Autodidacte passionné, Etienne Djoguian apprend les métiers de l’audiovisuel à travers les réseaux sociaux. Aujourd’hui, il essaie de concrétiser son rêve de devenir réalisateur et envisage de créer une maison de production.

Devenir Disk Joker était son obsession. Tout petit, Etienne Djoguina rêvait d’être un grand DJ du Tchad. Mais rapidement, le natif du Mandoul avorte ce rêve. Désormais, il souhaite devenir réalisateur. Une folle envie qui le prend soudainement un jour quand il suivait un film tchadien. « Quand on met un film tchadien tout le monde se décourage. C’est là que l’idée m’est arrivée ».

En 2006, alors qu’il n’avait que 13 ans, le jeune adolescent découvre le métier des images, l’audiovisuel. Dès cette journée ensoleillée à Koumra, Etienne Djoguina dit Habib par ses amis, se lance dans l’apprentissage de l’audiovisuel. Il se dit qu’il va « apporter quelque chose de nouveau dans le cinéma tchadien ». C’est la raison qui l’a poussé dans cette nouvelle aventure. A ses débuts, il utilise le téléphone pour réaliser des gags; des petites vidéos de 2 minutes pour faire rire. Un début qui intéressait ses amis et qui l’a poussé à en proposer d’autres.

Deux ans plus tard, Etienne découvre les réseaux sociaux. Il devient accro en regardant des tutoriels. Le jeune finit par faire des réseaux sociaux un moyen d’apprentissage. En 2011, Etienne écrit des scénarii à l’état brut en les gardant jalousement dans son petit sac d’école. « J’ai écrit par amour, mais je ne pensais pas réaliser cela un jour ».

En 2012, étant sur les bancs de l’école dans la ville de Koumra, Etienne réalise un spot pour l’annonce d’une fête suite à la demande d’une amie. Ce qui lui a valu un job à la radio communautaire Tob de ladite ville. Deux ans au service de la radio Tob, Habib rejoint la capitale tchadienne pour des raisons d’études. Il améliore ses connaissances dans l’art de la prise de vue aux côtés des amis.

Sa première expérience débute véritablement en 2015. Il commence à appliquer ses textes, accompagnés de la caméra. Etienne effectue des gags avec des amis au campus universitaire de Toukra. « Je me suis lancé dans le métier en créant un groupe d’amis avec qui je tournais des courts métrages ».
Une année après, le jeune de 1m75 concrétise un court métrage de 22 minutes titré Lorie. Un film qui sera diffusé en boucle par la télévision nationale tchadienne, ce qui le rendra populaire.

Etienne c’est tout d’abord un jeune talentueux, créatif et ingénieux” témoigne Obie-G, un artiste pour qui il a réalisé un clip vidéo.

Dans sa chambre, Etienne monte les rushes. Par la qualité de ses oeuvres et sa sérénité, il fait l’objet de nombreuses sollicitations dans le milieu culturel. Des artistes tchadiens, humoristes et chanteurs, tels que Obie-G, H-ten, Browning-T font appel à lui pour réaliser des clips vidéos.

«Etienne est un travailleur très consciencieux. Sauf qu’il ne respecte pas les rende-vous», confie air amusant, H-Ten, un artiste rappeur avec qui Etienne a déjà fait deux clips vidéos.

Le jeune de 27 ans séduit le public par ses réalisations : Lorie, Harcèlement sexuel, Hypocrisie dans l’amour, Agréable surprise, Ultime sacrifice, Dans la gueule du loup, Une journée de merde. Il vient de sortir le 11 juillet, La roue tourne, un nouveau court métrage de 16 minutes, déjà disponible sur youtube.

Très attaché à son rêve de devenir un réalisateur de renom, Etienne compte créer une maison de production afin de répondre aux attentes des artistes. A côté de sa passion, Etienne Djoguina est aussi étudiant en troisième année de Communication à l’université de N’Djamena.