BRAZZAVILLE, 26 avril (Xinhua) — Environ 600 jeunes congolais qui se sont logés à Kinshasa en République démocratique du Congo ( RDC) ont traversé samedi le fleuve Congo pour retrouver leurs familles à Brazzaville, capitale de la République du Congo, suite à l’expulsion des ressortissants irréguliers entre les deux pays.

A Kinshasa comme à Brazzaville, l’escalade, verbale surtout, entre les populations originaires de chacun des deux pays est montée d’un cran, suite à l’opération déclenchée le 4 avril à Brazzaville contre l’immigration irrégulière et le grand banditisme.

Ces deux phénomènes, supposément liés, ont poussé les autorités de Brazzaville à lancer l’opération dénommé Mbata ya Bakolo, ce qui signifie “la Gifle des aînés” dans la langue lingala parlée dans les deux Congo. L’opération a abouti à l’expulsion d’un grand nombre de personnes originaires de la RDC.

A Brazzaville et à Kinshasa, deux capitales voisines séparées par le fleuve Congo, des menaces isolées sont perpétrées par des individus incontrôlés pour, semble-t-il, venger leurs compatriotes. A Kinshasa, la situation tendue a obligé environ 600 étudiants originaires de Brazzaville à regagner leur pays samedi. Plusieurs autres avaient déjà traversés les jours précédents par des voies non-officielles.

“L’ambassade nous a pris en charge. Nous étions environ 500. Les autres nous ont rejoints pour traverser aujourd’hui. Nous sommes autour de 600 étudiants rentrés ce matin. Ceux qui sont restés ne mesurent certainement pas l’ampleur de la situation”, a expliqué à Xinhua un étudiant finaliste en télécommunication.

“Nous sommes menacés dans les quartiers. A l’université, la violence a commencé à monter par des influences et autres agissements. Ils nous demandent de rentrer chez nous. Nous rentrons par mesure de prudence”, a raconté un étudiant en 2ème année de médecine à Bel Campus.

“C’est parce qu’au regard du rapatriement des Congolais de la RDC qui ne sont pas en règle, la population a décidé de molester tout Brazzavillois et étudiants. Pour des mesures de sécurité, nous avons décidé de rentrer chez nous”, a-t-il déclaré.

Du côté de Brazzaville, l’indignation et les menaces verbales sont aussi proférées dans une certaine mesure par des personnes contre les ressortissants de la RDC.

“Nos enfants étudient chez eux, ils ont tous les titres de séjour qu’il faut. Pourquoi sont-ils maltraités alors que l’ opération menée à Brazzaville ne vise que les bandits?” s’est interrogé un père brazzavillois qui était rentrait de Kinshasa où il est allé prendre sa fille étudiante.

Dans un communiqué publié vendredi à Brazzaville, les autorités policières du Congo ont mis la population en garde contre “des élans de vengeance, de représailles ou d’intimidation de certains citoyens congolais envers certains ressortissants étrangers vivant au Congo”.

“L’opération Mbata ya bakolo est une opération de police et il n’y a que les policiers pour faire respecter la règlementation”, indique le communiqué.

“La participation des populations à l’opération ne doit se faire que dans le cadre des renseignements à la police sur les foyers criminogènes”, a précisé le porte-parole de la police, le colonel Jule Monkala Tchoumou.

SITUATION DIFFICILE AU BEACH DE BRAZZAVILLE

Au port autonome de Brazzaville communément appelé Beach, la situation est à peine supportable. De nombreuses familles rd- congolaises dont certaines arrivées sur les lieux depuis plus de 24 heures attendent des embarcations pour traverser et rejoindre Kinshasa et leur pays d’origine. Les moyens de transport sont devenus d’autant plus difficiles à accéder que le bateau grand bac de la société Onatra de la RDC a cessé d’assurer la traversée des “refoulés”.

Seul le grand bac du Chantier naval et transports fluviaux de Brazzaville assure leur transport, avec deux navettes journalières. Même s’il est complété par des petites embarcations dites canots rapides, la foule ne fait que grossir au Beach de Brazzaville. Les forces de polices déployées sur place sont sur le qui-vive.

Cependant, en dépit de toutes les plaintes et de la tension qui monte parmi les populations des deux capitales, dites les plus rapprochées du monde, les autorités de Brazzaville entendent poursuivre la chasse aux immigrés irréguliers.

Pour elles, il n’y a aucun doute que la montée de la criminalité ces derniers mois à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principale villes du Congo, est surtout liée à l’immigration venant de la RDC, de la Centrafrique, du Tchad, du Rwanda, dont plusieurs citoyens ont été interpellés dans les enquêtes ouvertes à l’issue de plusieurs cas d’homicide, viol, vol à main armé.