Une équipe internationale de chercheurs, parmi lesquels un épidémiologiste tchadien, étudie la mortalité en relation avec le traitement par l’hydroxychloroquine, un médicament largement utilisé, notamment en Afrique.

Actuellement, à la différence de la tuberculose, il n’existe pas de médicaments qui guérissent cette nouvelle maladie potentiellement mortelle et qui touche le monde entier. C’est pourquoi, partout les chercheurs testent dans l’urgence l’efficacité de médicaments qui ont déjà fait preuve de leur efficacité pour d’autres maladies qui sévissent à l’état endémique notamment sur le continent africain. Parmi ces médicaments, l’hydroxychloroquine plus connue sous le nom de « Nivaquine », couramment utilisée pour traiter le paludisme. Ce médicament peu coûteux est testé dans de nombreux pays pour voir s’il pourrait être utilisé pour traiter les patients atteints de COVID-19. La question qui s’est posée au groupe de chercheurs associé à cette publication a été : L’hydroxychloroquine préconisée seule ou en combinaison avec l’azithromycine influence-t-elle la mortalité des patients atteints de COVID-19 ?

En utilisant une méthode statistique récente particulièrement précise, un consortium international de chercheurs associant des infectiologues, des épidémiologistes et des statisticiens parmi lesquels figure un tchadien, Yahya Mahamat-Saleh, épidémiologiste à l’Université Paris-Saclay, a démontré que l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine pourrait augmenter la mortalité chez les patients atteints de COVID-19. Ces résultats viennent juste d’être publiés dans une revue scientifique internationale référencée de haut niveau « Clinical Microbiology and Infection ».

Nous résumons ici les principaux résultats de cette importante étude réalisée selon une méthodologie rigoureuse.
Il s’agit d’une combinaison de toutes les études (méta-analyse) ayant évalué l’effet de l’hydroxychloroquine avec ou sans L’azithromycine sur la mortalité des patients atteints de COVID, et publiées (ou en preprint) jusqu’au 25 Juillet 2020. L’analyse de l’ensemble de ces études a montré que l’Hydroxychloroquine seule n’est pas associée à la mortalité chez les patients atteints de COVID-19
En revanche, l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine est susceptible d’augmenter la mortalité chez les patients atteints de COVID-19.

Méthodologie

Globalement, les auteurs ont identifié plus de 825 articles dans les principales bases de données reconnues par la communauté scientifique. Après exclusion des doublons, ils ont retenu 585 articles présentant des études potentiellement pertinentes. Après lecture du texte intégral de chacune de ces publications, 29 études répondant à leur critère d’inclusion ont été retenues pour cette méta-analyse. Parmi les 29 études, 4 étaient des études d’intervention et 25 des études observationnelles, dont 11 avec un risque de biais critique et 14 avec un risque de biais sérieux ou modéré.

Principaux résultats

« Nos résultats suggèrent que l’hydroxychloroquine seule n’est pas associée avec la mortalité des patients atteints de COVID-19, mais que son utilisation combinée avec l’azithromycine chez les patients atteints de COVID-19 est associée à une augmentation de 27 % de la mortalité par rapport aux témoins », clarifie Yahya Mahamat-Saleh, du CESP – Université Paris-Saclay, Faculté de médecine de l’université Paris-Sud, Inserm. Il ajoute « les résultats de cette étude viennent renforcer les recommandations cliniques actuelles telles que celles du National Institutes of Health qui ne recommandent pas l’utilisation de l’hydroxychloroquine seule ou en combinaison avec l’azithromycine pour les patients atteints de COVID-19 ».

Limitations

Yahya Mahamat-Saleh souligne, comme il est de coutume dans les articles scientifiques, quelques limitations à ce travail. « Il est important de préciser, dit-il, que cette méta-analyse a quelques limites, qui devraient être prises en compte dans l’interprétation des résultats, notamment l’inclusion de patients à différents niveaux de gravité de COVID-19, le faible nombre d’essais contrôlés randomisés adaptés pour identifier une association causale ainsi que le faible nombre d’études dans certaines analyses en sous-groupes ».

« Etant donné que plusieurs organisations internationale (US FDA, ANSM, EMA), ont alerté sur les effets cardiaques indésirables chez certains patients traités par l’hydroxychloroquine, des futurs travaux de recherche devraient évaluer l’efficacité et les risques de cette molécule sur le continent africain où celle-ci est largement utilisée pour prévenir et traiter le paludisme » conclut-il.