Un arrêté du ministère du Pétrole et de l’Énergie, portant désignation de douze marketeurs à titre provisoire fait couler beaucoup d’encres ce dernier temps. Plus d’une centaine des marketeurs ayant l’agrément du ministère et des contrats avec la raffinerie de Djermaya, disent ne pas comprendre cette décision du ministère. Au niveau du département en charge du Pétrole, aucune explication sur les critères de désignation n’a été donnée. Votre site d’information Tchadinfos.com s’est approché du président du Conseil National des Pétroliers pour mieux comprendre la situation. Entretien !

Monsieur Mahamat Saleh Issa, vous êtes le président du Conseil National des Pétroliers (CNP), récemment, par un arrêté, le ministère du Pétrole et de l’Énergie a pris une décision portant désignation de douze marketeurs, parmi les 120 existent actuellement. Quelles sont vos réactions ?

Merci pour cette question qui est sur toutes les lèvres actuellement. Avant tout, permettez-moi de vous rappeler qu’au niveau du CNP, nous sommes constitués des sociétés indépendantes et nationales. Il y a 120 marketeurs qui travaillent directement avec la Société de Raffinage de N’Djaména (SRN) basée à Djermaya. Ces 120 marketeurs ont un contrat d’achats des produits à partir de la raffinerie. Et brusquement le ministère du Pétrole  a publié un arrêté en publiant que douze parmi les 120 marketeurs sans préciser les critères de désignation ayant abouti à la désignation de ces douze marketeurs et d’élimination des restes. Jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons aucun élément dans ce sens. Nous contestons cet arrêté et nous souhaitons que cela soit suspendu pour une meilleure lecture. Malheureusement le ministère du Pétrole veut appliquer cet arrêté, nous allons vivre ses conséquences.

Justement quelles seront les conséquences de l’application de cet arrêté ?

Les marketeurs non désignés ont des contrats avec la raffinerie, avec l’agrément du ministère du Pétrole. Il y en a des marketeurs qui ont payé de l’argent à la raffinerie pour des produits qu’ils n’ont pas encore enlevés. D’autres ont déposé des cautions bancaires. Ces marketeurs ont des engagements avec des entreprises et des institutions de la place. Et d’un coup, ils n’ont plus accès à la raffinerie. Que pourront-ils devenir ? Ce qui est grave, les douze sociétés retenues ne pourront pas couvrir l’ensemble des besoins. Le Tchad  est ravitaillé par ces sociétés ou marketeurs omis par le ministère du Pétrole. Il y aura certainement des conséquences graves et nous les vivres. D’ores et déjà, nous avons avisé le ministère du Pétrole qu’il sera responsable de tout ce qui adviendrait suite à l’application de cet arrêté. La meilleure manière c’est de sursoir à cette décision.

Si toutes les dispositions de cet arrêté sont appliquées et que l’on s’en tient aux douze marketeurs désignés, peut-on assister une pénurie ?

Effectivement qu’il y aura une pénurie tant à N’Djaména que dans les autres localités du pays. Par exemple à N’Djaména, les marketeurs qui ne sont pas retenus ont des stations-service et ils vont se ravitailler auprès des autres donc plus d’une centaine des stations-service seront fermées et ça sera le début d’une pénurie.

Avant cette décision, est-ce que les marketeurs au niveau du CNP ont été avisés par le ministère en charge du Pétrole ?

Non ! Pas du tout. Nous avons appris cette nouvelle à la télévision nationale. Personne ne nous a informés ou consultés dans ce sens. Normalement, le ministère doit informer tous les marketeurs. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Car il n’y a pas des conditions ou des critères pour être retenu. Je vous assure qu’il n’y a pas des critères pour désigner ces douze marketeurs.

Au niveau du CNP, est-ce que vous envisagez déjà des actions de grande envergure pour contrer le ministère du Pétrole de revenir à sa décision ?

Nous sommes dans un pays de droit. Nous avons la justice. Nous sommes des opérateurs économiques  et nous n’avons pas d’autres moyens que d’aller vers la justice ou d’appeler le chef de l’État au secours comme d’habitude pour décanter la situation.  En tout cas, nous souhaitons seulement que l’arrêté soit suspendu pour une meilleure lecture et que toutes les parties s’asseyent  autour d’une même table pour discuter. Que le ministère nous convainc pour appliquer cet arrêté ou les marketeurs convainquent le ministère pour annuler l’arrêté.