BEIJING, 19 février (Xinhua) — Cinq chefs d’Etat du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) se sont rassemblés dimanche dernier à Nouakchott pour prendre part au premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Sahel, au cours duquel ils ont convenu de créer “un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale dénommé ‘G5 du Sahel'”.

Le sommet a pour objectif d’examiner les défis sécuritaires et économiques menaçant les pays de la sous-région. Bien qu’aucune action économique concrète n’ait été publiée à l’issue du sommet, les cinq pays ont montré leur volonté de s’unir dans la prévention et la lutte contre le terrorisme.

Ces pays font face à d’importants défis sécuritaires liés à la prolifération des actes terroristes menés par les jihadistes armés dans l’espace sahélien.

Les pays africains touchés par l’instabilité n’ont jamais été aussi nombreux. Le continent détient indéniablement le record du plus grand nombre d’attentats et de coups d’Etat depuis ces cinquante dernières années.

Dans la région du Sahel, le Mali est relativement menacé par Al-Qaïda. Depuis mars 2012, une filiale d’Al-Qaïda, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a réussi à renforcer son occupation dans le nord du pays.

En Mauritanie, les forces de sécurité sont souvent ciblées par des attaques terroristes. Le Niger et le Nigeria sont également témoins d’attentats à la voiture piégée et d’attaques contre des volontaires et des lycéens, qui ont jusqu’à présent entraîné la mort de centaines de personnes.

Non seulement les activités terroristes se sont intensifiées, mais il existe également un danger encore plus important qui complique la situation sécuritaire dans tout le continent, surtout en Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Nord : selon les informations publiées par les agences de renseignements du Royaume-Uni, les relations entre les terroristes de la région du Sahel et ceux de l’Afrique de l’Est sont de plus en plus étroites. Par exemple, le groupe terroriste de Boko Haram s’est renforcé depuis l’accélération du déploiement d’Al-Qaïda en Afrique sub-saharienne.

Actuellement au Sahel, une partie des financements des groupes terroristes provient d’activités criminelles, élément qui représente une menace importante au développement économique normal et durable.

Spécialisés dans les prises d’otages contre rançons, le trafic de drogues et le pillage de ressources naturelles, les jihado-terroristes d’Ansar Eddine, du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont fait du Nord-Mali un important champ d’expérimentation de leurs basses besognes et opèrent comme une véritable mafia grâce à ce que le géostratège Joseph Vincent Ntuda Ebodé désigne comme “une économie criminelle qui se produise d’elle-même”.

Il est nécessaire de renforcer la coordination entre les pays africains pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. En tant que pays voisins avec une grande partie de frontières communes, les cinq pays du Sahel doivent s’unir pour renforcer les échanges d’informations et le contrôle des frontières.

Dans le communiqué publié à l’issue du sommet, les chefs d’Etat des cinq pays ont réaffirmé “la priorité qu’ils accordent à la sécurité et au développement de la région et ont réitéré leur plein engagement à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance”.

La communauté internationale doit quant à elle redoubler d’efforts et d’assistance pour freiner le développement des forces terroristes. Face à la tendance de l’union des groupes terroristes africains, il est préférable de rallier toutes les forces anti-terrorisme afin de dissuader les extrémistes et les terroristes.

Néanmoins, le terrorisme en Afrique n’est pas un problème isolé. A l’ouverture du sommet, le président mauritanien Ould Abdel Aziz a souligné qu’une corrélation forte existe entre sécurité et développement dans la mesure où il n’y a pas de développement durable sans sécurité, ni de sécurité pérenne sans développement effectif. Pour pouvoir surmonter les défis terroristes et économiques au Sahel, il faut unir les forces régionales et internationales, tout en faisant des efforts dans les domaines sécuritaire et économique.