DISCOURS DE S.E.M  IDRISS DEBY ITNO, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, A L’OCCASION  DE L’OUVERTURE DU FORUM NATIONAL INCLUSIF SUR  LES REFORMES INSTITUTIONNELLES

                                                   (Palais du 15 janvier,  19 mars 2018) 

  • Monsieur l’ancien Président, le frère Goukouni Weddeye ;
  • Monsieur le Premier Ministre, Président du Haut Comité des Réformes Institutionnelles ;
  • Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
  • Mesdames et Messieurs les Présidents des Grandes Institutions de la République ;
  • Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
  • Mesdames et messieurs les Ambassadeurs et Représentants des organisations internationales ;
  • Messieurs les Chefs traditionnels et Religieux ;
  • Distingués invités ;
  • Mesdames et Messieurs.

C’est avec un sentiment  de légitime fierté que je m’adresse à cette importante assemblée réunie dans cette salle du Palais du 15 janvier, un endroit qui représente  tout un symbole et tout un pan de l’histoire récente de notre pays.

 

Cette histoire s’enrichit aujourd’hui avec la tenue du forum  national inclusif sur les réformes institutionnelles qui fera date dans nos annales.

 

Aussi, voudrais-je, saluer la présence de chacune et de chacun de vous, ici présents.  Cette participation  massive  à cet important rendez vous national est l’expression d’une attitude citoyenne et responsable.

 

Je voudrais également féliciter le haut comité des reformes institutionnelles et le comité d’organisation qui ont gagné un important pari en rassemblant, dans un élan patriotique,  toutes les forces vives de la Nation.

 

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs.

 

La problématique  des réformes institutionnelles est un impératif de premier ordre pour notre pays au regard des défis  qui s’imposent à nous en tant que Nation engagée sur la voie de la modernité et de l’émergence.

 

Nous devons nous interroger sur la solidité de notre édifice institutionnel dans ce contexte en pleine mutation.

Il est évident que notre architecture politique, administrative et socio-économique qui a certes montré ses preuves, durant des années,  mérite d’être revisité.

 

C’est en prenant la parfaite mesure de cette nécessité que j’ai inscrit la question des reformes institutionnelles au centre de mon projet de société qui a été approuvé  par l’écrasante majorité des tchadiens lors de la dernière élection présidentielle.

 

Evidemment, il est temps d’ouvrir un vaste chantier de modernisation de nos institutions, afin de renforcer la stabilité de notre pays et de consolider notre jeune démocratie.

 

Qu’il s’agisse de la forme de l’État, de l’organisation administrative, de l’appareil judicaire ou du modèle des institutions et de leur mandat, il y a lieu de faire un examen minutieux de la situation et de développer de nouvelles approches qui pourraient être plus pertinentes, plus efficaces et surtout mieux adaptées aux exigences de l’heure.

 

Nous devons, à ce sujet, faire des analyses lucides et opérer des choix clairs et objectifs.

Si nous estimons que la Fédération ou la régionalisation est le schéma idéal qui convient à notre pays,  il ne faut avoir aucune crainte de nous engager sur cette voie et de vivre de nouvelles expériences.

 

Je crois humblement qu’il nous faut trouver la bonne formule qui nous permet de responsabiliser les collectivités locales et surtout d’asseoir le développement à la base.

 

De même, nous devons passer au crible  de l’analyse  critique le modèle actuel de  l’organisation administrative et judiciaire. En matière justement de justice, l’on doit se demander si le dispositif actuel est conforme à nos traditions,  us et coutumes.

 

Si nous avons utilisé, pendant longtemps, des textes et des codes hérités de l’ancienne métropole, il est vraiment temps de changer cette dialectique et de proposer un modèle qui soit propre  à nos valeurs et à nos réalités.

 

La refondation de la Nation éternelle passe forcement par la justice et l’État de droit.

 

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs.

 

Il est aussi nécessaire de se pencher sur l’état des institutions de la République qui ont été mises en place au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine.

 

Nous devons plutôt mobiliser nos maigres ressources dans la perspective du développement économique et de la lutte contre la pauvreté au lieu d’entretenir des institutions pléthoriques  et budgétivores.

 

D’ailleurs la conjoncture économique et financière actuelle nous impose une certaine discipline budgétaire. Notre priorité absolue doit porter sur la création d’emplois pour les jeunes et les femmes. Il faut, à tout prix, rendre l’action publique plus efficace en tenant compte des aspirations profondes des populations.

 

Il me semble également important de mener une réflexion sur la charte des partis politiques.  J’admets volontiers que le multipartisme intégral est la sève qui alimente la démocratie.

Mais nous devons reconnaître, tout de même, que l’on assiste de plus en plus à une banalisation de la vie et de l’activité  politique.

 

Est-il vraiment concevable et surtout nécessaire que l’on dispose de plus de 200 partis politiques dans un pays peuplé de 12 millions d’habitants ?

 

Sans vouloir imposer une quelconque restriction du   champ politique, je nous invite simplement à ouvrir un débat sur ce sujet qui me paraît extrêmement important.

 

Dans la veine des sujets à explorer, il convient d’inscrire en bonne place la question du mandat des élus. Tout mandat confié par le peuple devrait être astreint à une durée précise et limitée.

 

Les participants à ce forum décideront certainement et en toute souveraineté du nombre de mandat pour les différentes fonctions électives.

 

 

 

 

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs.

 

Comme nous le savons tous, les institutions d’une République s’inscrivent dans une dynamique qui se nourrit des conjonctures socio-politiques et économiques.

 

Les réformes institutionnelles qui sont aujourd’hui envisagées s’inspirent sans doute des leçons  et des expériences tirées du passé.

 

A cet égard, nos réformes sont vitales et déterminantes pour l’avenir de la Nation tout entière. C’est pourquoi, je me réjouis de la tenue de ces assises qui doivent assurer la refondation de nos  modèles et cultures institutionnels.

 

Mon adhésion à cet idéal est à la dimension des ambitions  que je nourris pour notre pays et de la vision que je développe pour les générations actuelles et futures.

 

 

 

Mesdames et Messieurs ;

Chers participants.

 

Point n’est besoin de rappeler que l’exercice auquel vous êtes conviés est capital. Il s’agit de la création de la 4e république.

 

Aussi, voudrais-je vous inviter à un débat franc, serein et constructif. Comme la lumière jaillit souvent de la confrontation des idées, j’ose espérer que les conclusions de vos échanges pourront éclairer le chemin de notre avenir commun.

 

Je forme le vœu que les discussions se fassent à coeur ouvert.  Il n’y a assurément pas de thème qui fâche ou de sujet proscrit.

 

Tous les courants d’opinions contradictoires doivent librement s’exprimer et toutes les contributions sont attendues en vue d’orienter la manière, la matière et la conduite des réformes qui seront issues de ce forum inclusif.

 

Je saisis cette opportunité pour saluer l’adhésion volontariste des tchadiens de l’intérieur et ceux  de la diaspora à ce forum.

 

C’est tous ensemble que nous pourrons construire le Tchad, ce précieux legs de nos ancêtres et transmettre demain un riche héritage à la postérité.

 

Tout en souhaitant pleins succès à vos travaux, je déclare ouvert le Forum National Inclusif sur les réformes institutionnelles.

 

Je vous remercie.