La défaite de l’équipe nationale de football contre l’Égypte en 2015 a amorcé le divorce des Sao avec son public. Aujourd’hui, la prestation du onze national contre la Guinée-Equatoriale a-t-elle noué les liens ?

REPORTAGE– Stade Idriss Mahamat Ouya. Sur les gradins, on se fait de la place sous un soleil de plomb. La chaleur n’a pas dissuadé les supporters de l’équipe nationale de football, les Sao. Ils continuent à affluer vers les tribunes. Drapeau en mains, vuvuzela, chants et cris relèvent leur enthousiasme. Nul d’entre eux ne souhaite rater le retour des Sao en compétition après trois ans de suspension par la Confédération africaine de football (Caf). Ils affrontent les Zalang de la Guinée équatoriale pour les tours préliminaires du Championnat d’Afrique des nations.

Madtoingué Constant, le capitaine et ses co-équipiers font leur entrée sur la pelouse. Maillot  bleu, short jaune et bas rouge. Un uniforme à la couleur nationale. Le public ovationne à tout effort. L’écho de l’ambiance chaude bouillante meurt au quartier Kabalaye. 

Le temps de s’asseoir parmi cette immense foule, Haroun est surpris par le premier but de la rencontre. La Guinée-Equatoriale vient de marquer. Tout le stade sombre dans le silence et la peur s’empare des supporters du onze national. Aussitôt, les souvenirs de la dernière défaite des Sao contre l’Égypte sur ces mêmes installations refont surface. Abba Haroum se rappelle encore. Sur une action mal négociée par Rodrigue N’doram et les pharaons de Mahamat Salah inscrivent le premier but. Aujourd’hui, sur la même position, Ahamat Abdraman permet aux Zalang d’ouvrir le score.

Subitement, un clap retentit à la tribune latérale. Un deuxième à l’estrade officielle, le troisième a fini par faire chavirer à la tribune galaxie. Les supporters des Sao renouent avec l’atmosphère du début. « Allez les Saos, Sao, Sao… » 

« Depuis que je viens au stade, jamais le public n’a autant encouragé les joueurs » indique Haroun. Une première que le vétéran supporter des Sao salue. Malgré le match nul (3-3), Haroun voit en cette équipe un espoir. « Les joueurs ont prouvé qu’ils peuvent défendre dignement le pays », accentue-t-il.

 En colère contre la mauvaise gestion de l’équipe nationale de football, le vétéran ne manque pas d’évoquer « l’improvisation des préparations ».

« Pour ce match, le staff n’a eu que 26 jours de préparation. Comment voulez-vous exiger d’eux des résultats probants ».

 Il a fini par se ressaisir et continue de rendre hommage aux joueurs. « Bravo, vous nous avez rendu fiers cet après-midi, merci infiniment », dit-il en se sentant redevable à la sélection nationale.

Du stade Idriss Mahamat Ouya aux quartiers, le retour des Sao en compétition est commenté comme une actualité politique. Chaque voix tente d’expliquer avec précision  la complicité des joueurs sur le terrain. La construction du jeu, la conservation du ballon, les dribles, les passes et les gestes techniques. Ces moments, bons, semblent avoir fait oublier les découragements des Tchadiens vis-à-vis de leur équipe nationale.