La Fédération Internationale des Journalistes a demandé aujourd’hui au Tchad de libérer trois journalistes en prison depuis les mois de mars et mai derniers sans jugement. Deux autres journalistes sont attraits en justice pour diffamation et sommés de révéler leurs sources.

« Nous demandons aux autorités tchadiennes de libérer les trois journalistes qui n’ont fait qu’exercer leur métier. Les chefs d’accusation ne tiennent également pas la route sauf si les autorités veulent les maintenir en prison. Nous sommes préoccupés par leur sécurité physique », a déclaré Gabriel Baglo, Directeur Afrique de la FIJ. « Nous sommes également très inquiets de la situation de la liberté de la presse qui se dégrade de jour en jour au Tchad », a-t-il ajouté.

Eric Topona, secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT), a été écroué le 6 mai et accusé d’atteinte à l’ordre constitutionnel. Le lendemain, c’était au tour de Moussaye Avenir, directeur de publication du journal privé Abba Garde arrêté et accusé d’incitation à la haine et au soulèvement populaire. Le journaliste et blogueur Jean Etienne Laokolé a été arrêté depuis le 22 mars dernier par la police et inculpé de diffamation pour avoir écrit des articles que le gouvernement a considéré comme critiques. Depuis plus de deux mois trois journalistes croupissent en prison dans l’attente d’un hypothétique jugement.

Par ailleurs Eric Topona est accusé d’avoir échangé des messages électroniques avec le bloggeur tchadien, Makaila Guebla (expulsé du Sénégal) dans l’optique de fournir des armes aux jeunes pour renverser le gouvernement ; et Jean Etienne Laokolé accusé d’avoir écrit des articles diffamatoires publiés sur le blog de Makaila Guebla. Deux autres journalistes sont poursuivis en justice pour diffamation : notamment Jean Claude Nekim, directeur de publication de N’djamena bi-hebdo, et Judas Alladoum, directeur de publication de l’Union qui est sommés de révéler ses sources.

Dans une déclaration à Douala ( Cameroun) le 17 juillet dernier à l’issue d’une conférence sur « les conditions de travail dans le secteur des médias et la liberté d’expression en Afrique Centrale », l’Union des professionnels de la presse d’Afrique centrale (USYPAC) a stigmatisé la situation de la liberté de la presse en Afrique Centrale et appelé les chefs d’État dont celui du Tchad à libérer sans condition les journalistes qui croupissent dans les prisons.

La FIJ rejoint l’USYPAC pour noter que la liberté de la presse est sérieusement mise à mal au Tchad devenu championne en Afrique centrale des violations de cette liberté et l’adversaire acharné de la dépénalisation des délits de presse.

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