La phase décisive (plaidoirie et réquisitions du ministère public) du procès de l’ex-gouverneur de la région du Logone oriental Adam Noucky Charfadine se tiendra demain mardi 26 juin 2018, à N’Djaména. À l’orée de ce procès où cette affaire qu’il convient d’appeler « le procès de l’année ». Car il oppose une autorité à l’ensemble du corps judiciaire (avocats, magistrats et autres professions libérales). Votre site d’information Tchadinfos.com a pu obtenir une interview exclusive du Gouverneur Adam Noucky Charfadine. Dans cet entretien, il donne sa version des faits et revient sur le déroulé des événements. Interview !

Monsieur Adam Noucky Charfadine, dites-nous, qu’est-ce qui s’est passé ce 22 mai 2018 ?

Merci à Tchadinfos.com de nous avoir donné la possibilité d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur ce qui s’est réellement passé ce jour à Doba. En effet, la justice a prononcé la relaxe d’un chef de gang nommé Oumarou Magadji et autres. Cette libération a mécontenté les plaignants qui ont voulu se faire justice. Nous avons calmé les parents des victimes et repris les prévenus pour leur sécurité, car aux entrées de Bebidjia et de Moundou, les éleveurs se sont organisés et comptaient lyncher Oumarou Magadji. Pour les parents des victimes, la justice est au service des riches.

Est-ce que les gendarmes ont tiré sur l’avocat et Oumarou Magadji ?

Dans l’opération qui a visé à le reprendre (Oumarou Magadji), les deux gendarmes ont été obligés de tirer deux balles de sommation pour obliger le véhicule à s’arrêter. Mais aucun des tirs n’a été effectué dans le palais de justice comme il a été rapporté. Au lieu de nous remercier et nous féliciter d’avoir évité le lynchage de l’individu et sa défense, il a été donné une autre dimension à ces faits qui ont été déformés et dramatisés dont la suite et l’aboutissement sont connus de tous. Notre intervention n’a en aucune manière visé à annuler ou à s’opposer à une décision de justice, mais avait pour seul objectif d’éviter un trouble à l’ordre public, à assurer la sécurité de l’intéressé (Oumarou Magadji).

Que reproche-t-on exactement à Oumarou Magadji, monsieur le Gouverneur ?

Dans notre mission quotidienne de combattre le banditisme transfrontalier qui menace la quiétude de nos paisibles concitoyens, nous avons appréhendé 57 coupeurs de route déguisés en militaires et disposant d’un arsenal composé de 57 armes, une quantité importante de munitions, une dizaine de grenades et autres équipements militaires. À la tête de ces bandits, il y’a un certain Oumarou Magadji qui coiffe 6 groupes qui opèrent à cheval entre 4 régions, les deux Logones, le Mandoul et le Moyen Chari. Lors d’une opération intitulée “coup de balai contre les bandits de grand chemin”, 4 des 6 groupes de bandits ont été arrêtés, présentés à la presse et déférés à la justice pour répondre de leurs actes. Il s’agit de 57 malfrats de différentes nationalités, dont Tchadienne, Centrafricaine et Nigérienne. Oumarou Magadji est un multirécidiviste, repris de justice, plusieurs tentatives de corruption nous ont été faites par ses proches pour le faire libérer. Cependant, ayant en conscience la mission qui nous a été confiée dans l’intérêt supérieur de l’État, nous avons opposé un refus catégorique de céder à de telles propositions.

Pensez-vous avoir agi en conformité avec la mission qui vous a été confiée ?

J’ai été nommé à la tête de la région du Logone oriental le 26 août 2016, j’ai pour mission de garantir la sécurité des biens et personnes dans cette localité qui fait face à des menaces sécuritaires graves, perpétrées par des groupes de bandits appelés communément « Zaraguina ». Sans prétention aucune, j’ai mené ma mission avec abnégation et dévouement, relayé et exécuté toutes les tâches que le gouvernement m’a confiées avec diligence et fermeté.