Au Tchad, l’ex-chef rebelle Abdelkader Baba Ladé ne serait pas en bonne santé selon un rapport médical que Tchadinfoss’est procuré. Livré aux autorités tchadiennes par la Centrafrique en 2014, il est emprisonné et poursuivi par la justice pour détention illégale d’armes de guerre, rébellion, association de malfaiteurs, incendie volontaire et viol.

Comment se porte l’ancien rebelle Baba Ladé ? « Il fait difficilement le sel et son ventre reste ballonné », confie une source proche de l’ancien rebelle emprisonné depuis 2015 à Koro Toro, puis Moussoro et enfin à la prison de N’Djamena. Il est soigné par le Comité international de la croix rouge en collaboration avec l’hôpital de Farcha. Lui sont prescrits des métronidazoles et du ciprofloxacine pour calmer les douleurs. « Son état de santé se dégrade », poursuit cette même source.

Cela fait plusieurs mois que l’état de santé de Baba Ladé inquiète ses proches. Déjà à la prison de haute sécurité de Koro Toro où il est incarcéré en 2015, Abdelkader Baba Ladé « a vomis du sang » selon son avocat, Alain Kagombé. Un diagnostic est posé lorsque l’ancien rebelle de 48 ans est transféré à la prison de Moussoro. Le médecin en chef du district diagnostique en effet une rectorragie persistante et une toux chronique, d’après un rapport médical daté 4 avril 2018 que Tchadinfos a pu consulté. Il est noté que les examens cliniques ont mis en évidence une coïnfection qui nécessitait l’avis d’un spécialiste en chirurgie.

Sous haute surveillance

Mais Baba Ladé ne sera conduit à l’hôpital général de référence national qu’en septembre 2018 après un malaise, et sous haute surveillance. À en croire une source proche du dossier, le médecin avait proposé son hospitalisation pour des examens et des soins appropriés. Une demande que refuse les autorités, sans donner plus de précision. « C’est une autre façon inhumaine de le tuer à petit feu en lui refusant systématiquement tout soin’ », déplore un acteur de la société civile.

Depuis peu, les proches de Baba Ladé n’ont qu’un objectif en tête pour aider l’ancien rebelle : l’amnistie générale. Cette mesure a été décrétée par le président Déby lors de la promulgation de la Constitution de la 4e République. Récemment, l’ancien diplomate devenu rebelle, Acheikh Ibn-Oumar, a bénéficié de cette amnistie lui permettant un retour tonitruant à N’Djamena. Selon l’Action citoyenne pour l’application intégrale de l’amnistie au Tchad, un collectif issu de la société civile, Baba Ladé doit lui aussi bénéficier de l’amnistie générale « sans condition ».

Ordonnance 19

Mais côté gouvernementale, une source judiciaire précise que l’ancien rebelle, arrêté le 2 janvier 2015 en Centrafrique où il s’est réfugié après avoir échappé à une tentative d’arrestation des forces tchadiennes, ne remplit pas les conditions stipulé dans l’ordonnance 19.« Certains chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi ne figurent pas dans l’ordonnance d’amnistie. Il comparaîtra devant la cour criminelle », précise cette même source.

« En principe, toutes ces infractions de viol, d’incendie volontaire et autres qu’on estime non couvertes par l’amnistie sont pourtant les effets collatéraux d’une lutte armée. Il faut que nos autorités aient la grandeur d’esprit et tournent cette page si leur engagement est vraiment sincère‘ », conclut un observateur