2 février 2008, le pouvoir de N’Djamena vacille, sans tomber. Une coalition rebelle a mené une offensive sur la capitale tchadienne jusqu’aux portes de la présidence de Djambal Ngato. Mais, les institutions de la République ont été, heureusement, maintenues grâce à la détermination des forces de défense et de sécurité. Douze ans après, le Tchad a pu maintenir une paix qui est toujours en construction.

Entre 2003 à 2008, des mouvements armés ont germé à l’Est du Tchad, zone frontalière avec le Soudan dont l’arrière-pays est historiquement utilisé par des groupes armés tchadiens. Dans cette course au pouvoir armes à la main, une coalition de groupes rebelles. Au bout de quelques jours des combats, la coalition met le cap sur la capitale, N’Djamena.

Cette course effrénée et motorisée à bord des pickups tout terrain a conduit la coalition rebelle de la frontière soudanaise jusqu’aux portes de la présidence de la République sans y parvenir à atteindre leur ultime objectif. À partir du 28 janvier, des combats se rapprochaient de plus en plus vers la capitale. L’ultime bataille qui a sauté les verrous vers N’Djamena a eu lieu aux environs de Massaguet à près de 80 kilomètres de la capitale.

Dans un des rapports sur les événements des 2 et 3 février 2008, certaines ONG parlent de 300 véhicules des forces rebelles venant du Soudan voisin qui ont percé le dispositif de défense de l’Armée nationale tchadienne (ANT). « Après d’âpres combats, les rebelles sont finalement défaits par les forces loyalistes qui bénéficient de la maîtrise des airs et de l’appui des forces françaises qui tiennent l’aéroport et facilitent leur ravitaillement en armes et munitions. Les forces rebelles commencent à se replier dès le 4 février et se séparent en deux colonnes pour fuir vers l’est et le sud-est », écrivent des organisations de défense de droit de l’Homme dont la FIDH.

Pour clarifier la situation sur des arrestations et autres disparitions ou faire simplement un bilan, une « Commission nationale d’enquête sur les événements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences » a été mise en place.

Le bilan établi par la Commission nationale d’enquête fait état de 977 morts, 1758 blessés, 32 viols déclarés, 380 détenus enregistrés (militaires et civils confondus). Parmi les disparitions figure celle du professeur Ibni Oumar Mahamat, secrétaire général du PLD, candidat malheureux de la présidentielle 2006. Le professeur des maths a été arrêté à son domicile tout comme l’opposant Ngarlejy Yorougar et l’ancien président de la République Lol Mahamat Choua. Le mystère sur l’arrestation de ces personnalités reste tout entier alors que parmi les principaux concernés, Lol est décédé et Yorongar n’a pas encore écris ses mémoires.

Les événements des 2 et 3 février 2008 ont ouvert aussi la voie vers la paix, même si elle n’est pas totalement acquise. Depuis 2008, le Tchad vit une paix sans affrontement armé d’envergure entre ses fils comme ça été le cas entre 2003 et 2008. Le président Deby, prenant l’initiative personnelle, s’est rendu à Khartoum au Soudan pour faire la paix avec son voisin de l’Est. En effet, le 15 janvier 2010, le Tchad et le Soudan signent, à N’Djamena, un Accord de normalisation ainsi qu’un Protocole Additionnel de Sécurisation des frontières qui mettent un terme « à toute présence, tout soutien et à toute action hostile des groupes rebelles opérant dans l’un ou l’autre des deux pays ». Les deux pays, qui conviennent de mesures conjointes pour sécuriser leur frontière commune, mettent fin, par cet accord qui est depuis lors respecté, à presque une décennie de conflit par groupes armés interposés.