La vie politique d’avant et après indépendance du Tchad a été marquée par le multipartisme. Plusieurs formations politiques animaient la scène dont certains leaders ont occupé de hautes fonctions. Malheureusement deux ans après l’indépendance du pays, notamment, 19 janvier 1962, le président Ngarta Tombalbaye prenait un acte pour supprimer tous les partis politiques à l’exception du sien.

Ngarta Tombalbaye n’a pas caché très tôt sa phobie envers le multipartisme. Trois mois après l’indépendance du pays, le 2 novembre 1960, dans une déclaration, il avançait déjà son intention du parti unique en ces termes « un seul appareil est tout indiqué pour présider la vraie unité du Tchad ; cet appareil est le parti progressiste ».

Pour le président Ngarta, « le parti progressiste avec une organisation solide, me semble le seul élément déterminant pour nous conduire à une construction autour du drapeau national ». L’intention tout affichée du président Ngarta sera concrétisée le 19 janvier 1962 par une ordonnance dont la teneur fait état de la « dissolution de tous les partis politiques autres que le PPT.

Le premier président de la République qualifie les autres formations politiques de « poussière de partis qui ne constituent pas une opposition constructive de type britannique, mais des groupements d’occasion ».

Ainsi, tous les autres partis politiques à savoir le MSA (mouvement socialiste africain) l’UDIT (union démocratique des indépendants du Tchad), le GIRT (groupement des indépendants et ruraux du Tchad), PNA (parti national africain), l’AST (action socialiste tchadienne), URT (union républicaine du Tchad), le MPT (mouvement populaire tchadien), le MESAN (mouvement de l’évolution sociale de l’Afrique noire), entre autres sont tous interdits d’activités.

Seul le PPT/RDA est autorisé à fonctionner et animer la vie politique. Ce qui revient à dire qu’il n’y a désormais, plus d’opposition politique. Soit l’on est dans le parti unique, soit on est traité comme tel, comme disait Ahmed Koulamallah (in Des rebelles aux seigneurs de guerre : la désagrégation de l’armée nationale) « à partir du moment où le parti unique a été imposé par Tombalbaye, il n’était plus possible de s’exprimer, il n’y avait plus d’autres choix que de se soumettre, ou chercher d’autres moyens d’expression : la violence ».

Ainsi, comme l’évoquait Koulamallah faisant allusion à l’interdiction de l’expression pluraliste qui engendrera la violence, le Tchad entrera dès 1963 dans un cycle infernal d’instabilité politique et social avec des multiples révoltes, tant urbaine et paysanne.