Aujourd’hui 15 janvier 2021 marque le 28è anniversaire de la tenue de la Conférence nationale souveraine (CNS). Cette importante messe tenue au début de la gouvernance du président Idriss Déby avait jeté les bases des institutions de la troisième république. Mais, en 2018 et 2020, le premier et deuxième forums inclusifs, ont instauré une nouvelle république. De ce fait, la page de la CNS est-elle définitivement tournée ?

En effet, deux ans après sa prise du pouvoir, le président Idriss Déby organisa une Conférence nationale souveraine (CNS) dont l’ouverture le 15 janvier 1993 a été marquée par son discours inaugural. Ce 15 janvier 1993, environ 800 délégués issus de différentes couches sociales et corporations associatives et politiques ont été conviés à la Conférence nationale souveraine. C’était à la mode en Afrique à cette période. Plusieurs Etats africains, surtout francophones, ont organisé ce genre de messe pour basculer du parti unique au multipartisme exigé par la France.

Au Tchad, le vent de la démocratie a soufflé le 1er décembre 1990 avec la prise de pouvoir par le Mouvement patriotique du salut (MPS), à sa tête Idriss Déby qui chassa du pouvoir Hissein Habré. L’instauration d’un Conseil d’Etat à partir du 4 décembre 1990 sera suivie d’une période de transition. Ainsi, pour la mise en place des nouvelles institutions, notamment, un parlement provisoire, la primature et surtout la proposition d’une nouvelle loi fondamentale ainsi que d’autres textes, une rencontre dite Conférence nationale souveraine a été convoquée.

Film intégral de l’histoire de la conférence nationale souveraine du Tchad en 1993

Elle s’ouvre un 15 janvier 1993. Cependant, le premier couac de l’ouverture de la Conférence nationale souveraine est le malentendu sur le contour de la souveraineté de la rencontre. Partisans du pouvoir et opposition politique ont longtemps tergiversé sur le caractère souverain de la conférence. L’opposition exige que la conférence soit souveraine mais les militants du Mouvement patriotique du salut (MPS) ne veulent pas que la souveraineté de la conférence éclipse les acquis du MPS, parti qui se considère précurseur de la démocratie.

Bien que les premiers jours, les discussions ont été houleuses, les acteurs présents dans la salle, ont trouvé un consensus pour que se poursuive la rencontre. Plus de 90 jours leur ont permis d’accoucher de nombreux textes sur la forme de l’Etat, la création des institutions, l’organisation de l’armée, la tenue des états généraux dans certains secteurs (justice, éducation), le balisage du terrain pour la tenue des futures élections (présidentielle, législatives et communales), entre autres.

Cependant, en 2018 avec l’adoption d’une nouvelle constitution basculant ainsi dans la quatrième république, plusieurs réformes voient le jour. Des régions devenues provinces, suppression, puis rétablissement des sous-préfectures, suppression de la primature et d’autres institutions, et surtout, l’instauration du poste de vice-président. Si les acquis de la Conférence nationale souveraine ne sont pas tous balayés, ils ont été renforcés ou modifiés.

Comme l’a dit à l’ouverture de la Conférence nationale souveraine, Idriss Déby, aux participants d’aborder les problèmes du Tchad, pas en tant que, « plaignants et en défendant mais en éléments d’une même société à la recherche de solutions communes de sorte qu’à l’issue de cette conférence, comme beaucoup l’ont dit, il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, mais une société soudée par des intérêts communs et régit et régie par des règles claires et sécurisantes ».

28 ans après, les souvenirs de la CNS restent encore vivaces, beaucoup d’acteurs sont encore en vie animant la scène politique nationale. Les jeunes ne voulant pas rester en marge de la société sont aussi désormais en plein pied dans la politique bousculant les habitudes avec des nouvelles méthodes.