15 janvier 1993, 15 janvier 2018, cela fait déjà 25ans que s’est tenue la Conférence nationale souveraine (CNS) pendant laquelle les Tchadiens se sont réunis pour se dire les vérités et penser le futur de la nation. La conférence qui a duré trois mois a jeté les bases de la nation tchadienne.  

La constitution du pays a été rédigée, un gouvernement de transition a été mis en place, un Premier ministre a été élu avec ses membres. Les débats étaient houleux, la forme de l’État, la question du bilinguisme, la charte du CNS  et son règlement ont animé les débats. La présidence de la transition a été confié au colonel Idriss Deby à l’époque jusqu’aux élections en 1996 où il était sorti vainqueur.

Cette date du 15 janvier même si elle n’est pas marquée par des manifestations publiques est entrée dans l’histoire de la jeune démocratie tchadienne. La CNS lançant les bases d’une République où, les libertés ont pris corps même si certaines réalités relativisent le parcours jusque-là. Le Tchad a eu à organiser depuis cette date 5 élections présidentielles. Des élections auxquelles ont pris part plusieurs tendances politiques qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition. Les élections législatives sont également organisées pour la concrétisation de l’aspiration du peuple. Malheureusement, de ce côté de reculs sont observés dans le respect des calendriers. En 2012, les premières élections locales ont eu lieu à la faveur de la forme de l’État décidée lors de la CNS qui est la décentralisation. C’est pour dire que le climat engendré par la CNS a permis une explosion de partis politiques.

La création des associations des droits de l’homme tous azimuts est également à mettre à l’actif de la CNS qui en a fixé les cadres juridiques à travers la constitution. Le droit d’association consacré par  la loi fondamentale a ouvert des canaux par lesquels le peuple tchadien se prononce pour participer à la vie du pays. Il est à noter malgré cela, quelques insuffisances au niveau de la pratique tant des dirigeants que des regroupements. Il faut aussi signaler la création de plusieurs organes de presse écrite, des radios et télévisions privées.

Tout ce chemin parcouru n’a pas été sans embûche pour le Tchad. Car, les recommandations de la CNS ne sont pas encore appliquées dans leurs intégralités. La décentralisation par exemple est considérée par beaucoup d’observateurs comme un échec. L’annonce du président Idriss Déby Itno lors de la dernière élection d’avril 2016 sur la forme de l’Etat est révélatrice.

Le Forum national inclusif en vue pour revenir sur l’avenir de la Nation, doit-il être vu comme une rencontre pour corriger les insuffisances de la CNS ? Cette question est légitime à être posée dans la mesure où plusieurs points contenus dans le projet des réformes ont été débattus à la CNS et adoptés dans la constitution. Sauf que cette fois-ci, contrairement à la CNS toutes les forces vives de la nation ne s’accordent pas encore sur leur participation.